Ce dimanche, l’Evangile nous relate la demande de deux apôtres qui essayent de se « placer ». Ils nous paraissent pétris d’ambition. Or cela n’est pas aussi simple qu’il n’y parait, semble-t’il.
Dans un premier temps, nous examinerons la demande de Jacques et Jean et ensuite la réponse claire et directe de Jésus.
Les deux disciples présentent leur requête timidement. Ils interpellent Jésus pour avoir l’autorisation de faire leur demande : « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous. » C’est seulement à l’invitation de jésus qu’ils présenteront leur requête. C’est là une attitude bien loin de l’assurance de deux ambitieux qui voudraient s’arranger une bonne promotion.
La demande, la voici avec une petite variante : « Donne-nous d’[être assis], l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. »
La traduction liturgique propose le mot « siéger » alors que dans le texte grec, il s’agit d’être assis. Certes « siéger » signifie littéralement être assis sur un siège mais il signifie aussi exercer le pouvoir.
En fait, ils ne demandent aucun pouvoir particulier, ils veulent juste rester proche de celui qu’ils ont choisi de suivre.
Dans les versets précédents l’Evangile de ce dimanche, nous découvrons que Jésus vient juste d’annoncer sa passion, sa mort et sa résurrection.
Ainsi, leur demande peut se justifier par l’angoisse d’être séparés par la mort.
Être séparé de son frère, être séparé du Christ.
La demande des frères révèle l’angoisse d’être séparés l’un de l’autre et de ne pas pouvoir retrouver Celui pour lequel ils ont tout quitté. C’est pourquoi, ils demandent d’être réunis. Mieux, la position qu’ils revendiquent place Jésus entre eux deux et fonctionne comme un lien supplémentaire entre les deux frères.
« Donne-nous d’[être assis], l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. » Quelle belle expression de foi. Avons-nous déjà exprimé une prière aussi forte ? Demander d’être assis à côté du Christ, de partager intimement avec le Sauveur, tout cela pour la vie éternelle ? Avons-nous déjà fait preuve d’une telle ambition ? Osons-nous nous tourner vers le Christ pour lui demander une place à ses côtés malgré le poids de nos fautes ?
Cette demande, que nous contemplons comme une prière, exige une chose qui est loin d’être anodine.
Là intervient la réponse de Jésus : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé ? »
Pour que soit exaucée la prière des frères, il leur faut passer par le baptême que va recevoir Jésus. Il leur faut être plongés dans sa mort et sa résurrection.
Avec force les deux apôtres affirment qu’ils acceptent ce baptême. Ils acceptent d’être plongés dans la mort et la résurrection du Christ.
La prière des deux frères, nous pouvons la formuler sans crainte, nous qui avons été baptisés, nous qui avons déjà été plongés dans la mort et la résurrection du Christ.
Reste à éclairer le complément de la réponse de Jésus : « Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder. » Là est le travail du Père, celui d’accorder le pardon pour ouvrir les portes du Royaume.
Ceux qui voient dans la demande des deux frères l’expression d’une ambition, ce sont les autres disciples et c’est à eux que Jésus s’adresse pour leur rappeler que le vrai pouvoir est dans le service du frère.
Père de miséricorde ouvre-nous grandes les portes du Royaume.
Christ accueille-nous à ta droite et à ta gauche.
Esprit-Saint réveille en nous tous les bienfaits de notre baptême qui fait de nous un peuple de prêtres, de prophètes et de rois.
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.