Priez le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa moisson


Je n’ai pas choisi mes parents, ni encore moins mes frères et sœurs. Bref, je n’ai jamais choisi ma famille. Cependant, dans cette famille qui m’a accueilli dès ma naissance, j’ai appris à accepter chaque membre, et je suis appelé, d’une manière ou d’une autre, à un vivre ensemble. C’est dans ce vivre ensemble familial que mon histoire personnelle, intellectuelle, spirituelle et humaine s’est découverte et développée. C’est dans cet humus familial chrétien que j’ai appris à connaître Dieu et à découvrir ma vocation au ministère sacerdotal.
Cette vocation, je la vis depuis deux années au séminaire Saint Joseph de Bordeaux, au milieu des frères et prêtres que je n’ai pas choisis non plus.
La vocation au ministère sacerdotal est la réponse que l’homme donne. Cet appel (vocation) est d’abord et avant tout une initiative gratuite de Dieu ; la réponse à cet appel est l’expression de la liberté de celui qui y répond et cela exige obéissance, engagement, humilité.
Et donc, le temps du séminaire est un temps de discernement et d’approfondissement de cet appel. Ce temps est nourri par les célébrations eucharistiques quotidiennes (comme source et sommet de toute vie spirituelle et chrétienne), ainsi que des activités apostoliques. Au séminaire, nous avons, en dehors des cours, d’autres activités qui concourent à notre équilibre et favorisent la vie communautaire et fraternelle.
Pour bien discerner également cet appel, chaque séminariste est appelé à s’ouvrir, à parler de ses lectures, de ses désolations/consolations avec les prêtres du séminaire. La vocation au sacerdoce ne se décrète pas, elle se mûrit au fil des temps, dans la disponibilité au don de l’Esprit et dans l’écoute des formateurs.
Se sentir ou être appelé, c’est amorcer aussi une nouvelle vie, c’est sortir de soi, de son individualisme, de son égoïsme pour entrer dans l’intimité de Dieu et vivre dans la vie de l’Eglise. C’est donc et en fin de compte, être attentif à l’appel que le Seigneur m’adresse, nous adresse pour être à son service et au service de l’Eglise.

Prier pour les vocations n’est pas seulement une exigence de notre monde en manque de prêtres, mais aussi une manière de prendre part à la venue du royaume de Dieu. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus disait : « Je compris que l’Amour seul faisait agir les membres de l’Eglise, que si l’Amour venait à s’éteindre, les Apôtres n’annonceraient plus l’Evangile. »
Vivons et réalisons les Paroles du Seigneur qui dit : « Priez le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson. » (Mt 9,38). Car c’est Dieu qui donne à l’Eglise les prêtres selon son cœur, pour qu’Elle puisse continuer sa mission.
Bon dimanche des vocations.
Marie Kevin (séminariste. 2eme année).

Prière pour Dominique

Vous n’êtes pas sans savoir que Dominique Bourgoin se prépare à recevoir l'ordination diaconale pour devenir diacre permanent.
Cette année seront ordonnés avec lui, deux autres diacres permanents, deux diacres en vue du sacerdoce ainsi que deux prêtres.
Depuis 5 ans Dominique suit la formation diaconale. En troisième année, (après une année de pré-discernement et les deux premières années de formation), une équipe s'est constituée autour de lui pour l’accompagner, prier et réfléchir.
Le 6 janvier il a reçu au milieu de notre assemblée les « ministères institués » (ministère d'acolyte et de lecteur), étape révélatrice pour beaucoup du travail de l’Esprit en lui et dans l'Eglise, et signe que l’appel de Jésus à le suivre résonne encore aujourd’hui.
Frères, par le mystère de la passion, de l’Eucharistie et de la résurrection, je vous invite à prier pour Dominique, pour son épouse Marie-Philomène et sa famille, pour nous tous qui l’entourons. Prions aussi pour les « Appels » futurs car « la moisson est abondante et les ouvriers sont peu nombreux (Mt 9-37)».

Rendez-vous tous le 30 juin
en la cathédrale St André, à 16 heures.

Pierre, un membre de l'équipe d'accompagnement de Dominique


Les homélies de la Semaine Sainte


1- Le samedi avant les Rameaux : une méditation pour introduire à la semaine sainte. Entendre la passion dans l’espoir de la résurrection. Avec l’ensemble pastoral, la célébration du dimanche au solarium a donné une certaine solennité à cette entrée en semaine sainte.
2- Lors du Vendredi Saint j’ai proposé de reprendre ce qui est dit de la passion en demandant la compassion du cœur : souvenez-vous des prisonniers comme si vous étiez en prison avec eux ! Souvenez-vous de ceux qui sont maltraités comme étant vous-mêmes dans un corps ! La mort du Seigneur nous donne la grâce de communier à ses souffrances et aux souffrances des hommes, en suivant avec Lui le chemin de l’amour !
3- Et puis je propose de prendre la finale de la deuxième lecture du Vendredi Saint pour servir d’introduction à la grande prière universelle et à toute prière chrétienne qui met chacun en présence de Dieu avec le Christ : « le Christ pendant les jours de sa vie mortelle, a présenté, avec un grand cri et dans les larmes, sa prière et sa supplication à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, et parce qu’il s’est soumis en tout, il a été exaucé. Bien qu’il soit Fils, il a pourtant appris l’obéissance par les souffrances de sa passion ; et ainsi conduit à la perfection, il est devenu, pour tous ceux qui lui obéissent cause de salut éternel. »
4- Le dimanche de Pâques, il est bénéfique de reprendre ce qui était dit le Jeudi Saint par rapport au lavement des pieds, la préparation à suivre Jésus-Christ qui passe de ce monde au Père ; et aussi assimiler ce passage où il est dit qu’ayant aimé les siens, il les aima jusqu’au bout. Il nous entraîne ainsi vers son Père par le chemin de l’amour, en passant par l’épreuve des souffrances et de la mort.
Le texte du dimanche se lit ainsi comme une nouvelle mise en route des deux disciples après l’interpellation de Marie Madeleine : On a enlevé le Seigneur et on ne sait où ils l’ont mis. On parle de la course des deux disciples, on insiste sur la place du disciple que Jésus aimait. Celui-ci voit  et croit. Et le texte se termine par une note temporelle : jusque-là ils n’ont pas encore saisi l’écriture qui disait qu’il fallait que le Christ ressuscite d’entre les morts. Cette expression ouvre un deuxième espace : après le tombeau ouvert, c’est l’ouverture de l’écriture pour saisir le mystère de la résurrection du Christ. On peut ainsi traduire le jusque-là en disant aussi : à partir de maintenant, proclamons la résurrection du Christ comme faisant partie de l’œuvre de Dieu promise et annoncée par l’Ecriture.
Alors le texte des Actes des Apôtre de ce dimanche insiste sur ce que Dieu a fait avec Jésus, par lui et en lui, dans toute la durée de sa vie et dans le contexte de sa mort. Et avec Dieu vient prendre place l’Esprit vient prendre sa place en nous et autour de nous, lui qui est manifesté comme onction et consécration pour la mission du Christ.
4- Gardons dans notre cœur la prière d’ouverture de la messe : «Que ton Esprit fasse de nous des hommes nouveaux pour que nous ressuscitions avec le Christ dans la lumière de la vie. »
La foi en la mort et en la résurrection du Seigneur donne la clé de notre foi et de notre espérance. Elle ne peut se dissocier de la proclamation de l’amour et de la miséricorde de Dieu. Durant toute la semaine, les mains ouvertes devant le Père, nous avons accueilli la lumière et le salut qui nous viennent d’en-haut, qui nous viennent d’en-bas, par la médiation du Christ, mort pour nos péchés, ressuscité pour notre justification.
Jean-Pierre RANGA

Jeudi Saint / Jn 13 1-15 / L'homélie

« Si je ne te lave pas les pieds, tu n'auras pas de part avec moi » De quelle part s'agit-il ?
Le récit commence ainsi : « sachant que l'heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, qui avait aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'au bout, » Avoir part à Jésus c'est donc de le laisser nous conduire vers le père à partir de maintenant. Comment Jésus s'y est pris avec ses disciples. D'abord, il a lavé leur coeur, leur tête, leur corps par sa Parole, à travers son enseignement et les gestes de guérison qu'il leur a montrés. Maintenant il les prépare à aller plus loin. « Vous n'avez pas besoin d'être lavés ; vous êtes purs, non pas tous, mais pour vous ici c'est fait ». Le geste de leur laver les pieds n'a donc pas pour but qu'ils soient propres. Il vise le seuil qu'ils ont maintenant à franchir, le seuil qu'il nous faut à notre tour nous aider les uns les autres à franchir.
Quel seuil ?
 
Le récit de l'Exode que nous venons d'entendre l'annonce. Jésus l'accomplit Le fléau de Dieu va frapper l'Égypte ; il va frapper la figure de la grande puissance en matière de religion et d'organisation politique, économique et culturelle. Le fléau va frapper ce que les hommes ont fait de mieux avec les dons que Dieu leur a faits, mais sans Lui. La marque du sang de l'agneau sur les portes des fils d'Israël va les mettre au large de l'esclavage. Aujourd'hui, nous nous souvenons du geste de Jésus : il prend soin des pieds de ses disciples il honore la marche qu'ils ont à faire désormais il honore leur déplacement par rapport au cours du monde,
Les disciples vont avoir sous leurs yeux le corps de Jésus trahi, jugé, torturé et crucifié. En ce corps, la parole de Dieu s'est faite chair. En toutes choses il épouse la condition humaine. Excepté le péché. Excepté le refus de se laisser conduire par son Père.
 
Exposé sur le bois de la croix, il donne à voir au monde ce que les humains font avec la condition humaine. Il est jeté dehors, comme l'aveugle de naissance, par les organisations religieuses et politiques de son pays. Et il va traverser cette haine aveugle, obéir à son Père et ouvrir la porte de la vie de fils, telle que Dieu la veut pour nous tous.
 
Voilà pourquoi Jésus prend soin de leurs pieds. C'est comme un envoi chaleureux pour ce qu'il leur reste à vivre. En eux, la puissance de l'amour de Dieu va continuer à se manifester. Tout le travail de l'humanité pour s'autodéterminer, toutes les inventons idéologique et techniques qu'ils utilisent pour construire seuls leur destin, vont être contestées par les comportements des disciples, puis désarticulés, dispersés, jusqu'à ce que les hommes voient de leurs yeux ce qu'il leur reste. Car il y a des restes : il y a les rencontres bouleversantes, les commencements libérateurs, comme la naissance d'un enfant, d'un amour, d'une réconciliation, d'une grâce inattendue, Au fil du temps, ce sont ces restes que Jésus rassemble. C'est ainsi que nous devenons les membres de son corps.
 
Vous dont les pieds vont être lavés, nous tous qui voyons ce geste comme un exemple à suivre, acceptons l'honneur que le Christ nous fait de nous appeler à donner à voir au monde que notre véritable horizon est d'être conduits par le père vers la condition de fils. Appelés à donner à voir cette oeuvre de Dieu en cours par notre comportement, par nos manières d'agir, de parler, par notre calme détermination à prendre le risque d'être jeté dehors. Car suivre le Christ comporte ce risque. En effet Jésus ne nous dit pas de quitter ce monde ou de nous en protéger, mais d'y vivre en témoins de la marche du Christ de ce monde à son Père, en résistant aux volontés changeantes et autoritaires du monde, en consentant à apprendre à voir ce que l'Esprit nous montre au jour le jour.
 
Recevons ce geste du Seigneur avec reconnaissance, joie, confiance. Jésus-Christ nous donne la nourriture qui convient pour cette marche : le pain et le vin, le corps et le sang du Christ.

Jean-Pierre Duplantier