Pour parler de ce grand dimanche à Gradignan

L’année 2011-2012 a vu le déroulement de plusieurs assemblés dominicales, que nous dénommons maintenant grand dimanche. Cette organisation de la vie de la paroisse avait pour but d’aider les enfants qui viennent au caté à s’approcher de la célébration avec toute la communauté.
Elle n'a pas manqué de susciter des interrogations, d'abord dans les coeurs des responsables, ensuite dans les coeurs des enfants, des parents et des paroissiens.
Du regard que l'on peut porter de l'extérieur, l'on peut dire que cette expérience de vie liturgique enrichie du temps de lecture prolongée a été une expérience fondamentale pour certains d’entre nous.
L'expérience d'entendre ce que les autres disent au sujet de la parole proclamée dans l'église, est source de joie !
L'expérience de faire un lien entre la parole entendue et l'eucharistie qui nous ouvre au trésor du pain de la vie et du vin du royaume, nous fait élargir le sens de la communion avec le Seigneur.
Ceux qui ont apprécié ont fait l'expérience de nouveau départ, laissant Dieu enrichir la vie de tous les jours.
Pour ceux qui se posent des questions, il s'agit de trouver les lieux pour les exprimer, et surtout de  distinguer les genres de question qui se posent : question d'organisation de temps, question du lien entre la lecture elle-même et la célébration de l'eucharistie, question aussi d'une durée démesurée du temps de la messe.
Terminons par le témoignage d’un l'adulte à qui l'on a demandé de raconter  l'évangile : « J’ai admiré la réceptivité des enfants, la qualité de l'écoute, et la possibilité de voir que les parents eux aussi entendent la même lecture et prennent le temps d'approfondir. »

Pour cette deuxième année  2012-2013 puissions-nous trouver le goût de ne pas dissocier l'écoute de la parole et la communion au corps du Seigneur!
Ce sera la meilleure manière de célébrer l'anniversaire du concile et  de répondre à l'appel de l'église : puiser à notre héritage, la parole de la révélation et la célébration du don que le Seigneur fait de sa vie.
JP Ranga
Curé de Gradignan

Dimanche 23 septembre : l'homélie

« Le fils de l'homme est livré aux mains des hommes, ils le tueront et le troisième jour il se lèvera ». Les disciples ne comprennent pas et n'osent pas l'interroger.
Il y a de quoi. Dans la bouche de Jésus, cela n'a rien d'une indication prémonitoire. C'est l'affirmation d'une loi du Fils de l'homme : les hommes ne veulent pas du Fils de l'homme ; ils veulent l'éliminer. Les hommes ont un gros problème avec ce Fils de l'homme. Quelle étrange chose : les hommes refusent ce genre de descendance. Ce fils d'homme est un danger pour eux. Il est contradictoire avec ce que les hommes pensent de leur avenir.
Or cette loi du Fils de l'homme comporte une issue tout aussi inéluctable que sa mort : le troisième jour, il se lèvera, ou ressuscitera comme nous traduisons habituellement.
Je ne sais ce que vous en pensez ; mais à une époque où seule la raison décide de tout, c'est une double folie. Du côté de l'humanité, tout d'abord : il y a chez les hommes une hostilité native à l'égard de ce Fils, et du côté de Dieu, la mort n'est pas la fin : trois jours après ce Fils se lève.
Comment les disciples s'en sortent ? Ils laissent filer et parlent entre eux de qui est le plus grand.
Mais Jésus ne lâche pas le morceau. Arrivé à Capharnaüm, il s'assoit et réamorce la discussion sur l'effet de sa déclaration sur les relations entre les disciples. Rien n'est dit sur ce que les disciples se disent à propos du plus grand. Est-ce celui qui est arrivé le premier, ou qui est le mieux formé, ou le plus croyant, ou le plus aimé de Jésus ? Ou encore quelque chose que l'un d'entre eux aurait de plus que les autres. Aucune information là-dessus. Jésus passe du plus grand à celui qui veut être le premier. Or dans la loi du Fils de l'homme, le premier c'est le dernier de tous et le serviteur de tous. Le premier est celui qui se réfère à tous, comme dernier et serviteur. Il ne se compare aux autres, il se règle sur ce qu'il peut apporter à tous. C'est le chemin de tous qui lui importe, pas le sien.
Et il précise par une parabole en acte : il place un enfant au milieu d'eux et déclare que c'est l'accueil de cet enfant en son nom, qui est l'accueil de Jésus et de Celui qui l'a envoyé. Qu'est-ce qu'accueillir un enfant au nom de Jésus ? J'entends ceci : c'est accueillir un petit d'homme dans la parenté de Jésus et de son Père qui l'envoie. Ce n'est pas accueillir un enfant pour en faire un enfant selon la loi de la famille, ou de sa société ou du monde. Cela s'est déjà le livrer aux mains des hommes. Mais c'est l'accueillir comme un fils en lequel va s'accomplir l'acte créateur de Dieu ; c'est se réjouir qu'il soit aimé par Dieu et de ce que cet amour gratuit total va susciter en lui son chemin singulier, sa vérité, sa vie. C'est s'émerveiller de ce qu'il va développer toutes ses potentialités, toute sa liberté dans la lumière de Dieu. Pour celui-là, trois jours après sa mort, il se lèvera comme un soleil levant dans la maison du Père.
Comme le dit Jacques dans sa lettre : toute autre perspective offerte à un enfant laisse le champ libre à la jalousie, aux rivalités, aux conflits d'intérêts, aux guerres, parce que toutes les richesses qu'il demande n'ont d'autre horizon que de tout dépenser dans ses propres plaisirs.
Cette affirmation de Jacques me semble éclairer la situation dans laquelle nous nous trouvons. En effet, les hommes ne sont pas à classer entre deux populations antagonistes, à savoir ceux qui ont la haine de Dieu et ceux qui aiment Dieu. Nous ne sommes pas prédestinés à camper soit dans un camp, soit dans l'autre, comme semblent le revendiquer les intégristes. En réalité, nous sommes tous pris dans un tissu de contradictions. La forme la plus globale de cette contradiction interne à l'aventure humaine consiste à tenir en même temps « tout dépenser dans nos propres plaisirs » et « désirer être aimé par un autre que soi-même ». Or dépasser cette contradiction en nous et chez les autres est hors de notre portée. Mais ce qui est impossible à l'homme, Dieu le fait. C'est son acte créateur. Être le dernier de tous et le serviteur de tous est la posture de celui qui est accepte cette contradiction en lui-même et chez les autres : c'est le premier effet de la grâce.
Pour les disciples de Jésus-Christ, il y a d'ailleurs une contradiction majeure que nous ne pouvons surmonter : Jésus est vrai homme et vrai Dieu. Qui peut nous conduire par la main vers l'unité impensable de l'unité de ces deux réalités opposées, sinon Celui qui en envoyé Jésus, le chemin, la vérité, la vie.
Croire en Jésus c'est marcher vers cet espace où toutes nos contradictions s'effaceront, comme le Christ en fait la prière la veille de sa passions : qu'ils soient un, comme moi et mon Père sommes un. Ce jour-là, le troisième jour, tous les fils d'homme se lèveront dans la lumière de Dieu. Ce jour-là, nos contradictions les plus massives seront comme les fleurs des champs, belles et fragiles pendant un temps, puis disparaissant un soir, laissant la place pour l'éternité à ce que l'amour de Dieu aura fait de nous, des fils qui portent sa ressemblance.

Jean-Pierre Duplantier
23 septembre 2012
26° Dimanche du Temps Ordinaire

Jésus nous échappe

Un jour, alors qu’il marchait avec ses disciples, dans la région de Césarée, il leur demanda qu’est-ce qu’on pensait de lui. Ils répondirent : Jean-Baptiste, celui qu’Hérode avait fait exécuter, ou Elie, ou un autre prophète. Mais Jésus précise : je ne vous demande pas de me comparer à des personnages, envoyés par Dieu, et dont vous avez déjà une idée plus ou moins juste. Dites ce que je suis pour vous.
Dans la bouche de Pierre vient le mot Christ. Dans notre traduction, on écrit Messie. Mais nous savons bien qu’il y a un écart entre Jésus-Christ et le messie que les juifs attendent. Alors Jésus précise les choses. Il est celui qui vient après l’homme. Il est le Fils de l’homme.
Et voici le parcours, la dynamique de ce Fils de l’homme : souffrir, être rejeté, être tué et, le troisième jour, se lever, ou ressusciter comme nous disons. Nous pouvons trouver des causes à ses souffrances, à son rejet et à sa mort. Mais pour « se lever d’entre les morts », nous sommes dépassés, notre raison s’affole, la structure de notre connaissance se révèle limitée, incomplète.
Jésus, le Christ, le Fils de l’homme, nous échappe dans son chemin, dans sa vérité, dans sa vie.
            Le suivre alors, qu’est-ce que c’est pour nous ? Là encore nous pouvons répondre avec des choses que nous connaissons déjà : prier, venir à la messe, lire la Bible et agir en conséquence, comme le dit l’apôtre Jacques : partager avec ceux qui sont dans le besoin, tenir sa langue et pratiquer la justice. C’est un bon programme. Mais souvent c’est le moteur qui est en panne. Il faudrait une force à l’intérieur de nous qui nous pulse à la suite du Christ. Surtout si le parcours du Fils de l’homme passe par perdre ce qui fait notre vie, notre générosité personnelle, notre convoitise, notre volonté de maitrise et bien d’autres choses encore, pour sortir vers le Royaume de Dieu.
Or cette force est déjà en nous, et ce n’est pas celle de notre volonté et de notre connaissance. C’est l’impact mystérieux de l’Esprit au plus profond ; c’est la façon dont il a inscrit la Parole vive de Jésus-Christ et la volonté de notre Père de nous conduire par la main jusqu’à lui. Cette expérience étonnante de la venue du Fils de l’homme dans la vie des apôtres a eu lieu à travers ce qu’ils ont vu et entendu de Jésus. Mais Jésus leur a été enlevé et c’est l’Esprit, le jour de la Pentecôte, qui leur fait reconnaitre que Jésus accomplissait tout ce qui avait été annoncé dans les Ecritures, et que le propos de Dieu visait tous les hommes. Et dès la deuxième génération, avec ceux qui n’avaient pas connu Jésus, c’est cette venue en eux, de la Parole vive du Fils de l’homme, et celle de la force de son Esprit qui a changé leur existence et la nature de leur désir. Ils l’ont reçu à travers le témoignage des apôtres et des disciples. Mais la foi leur a été donnée par Dieu, à travers ces témoins.
            Je nous souhaite que cette année nous appliquions à reconnaître ce don de Dieu, reçu par chacun sans que nous n’ayons encore rien fait, ni rien demandé. Sans doute nous ne souvenons pas des moments décisifs de cette venue du Christ en nous. Mais ce n’est pas de souvenir qu’il s’agit, c’est de reconnaissance de son initiative dans notre vie.
C’est cet acte de Dieu en nous qui nous fait entendre la Parole qui nous est donnée à chaque eucharistie. C’est ce don de Dieu qui nous fait passer, à chaque messe, du pain et du vin que nous mangeons et buvons, à la nouvelle condition humaine de membres du Corps du Christ, à la nouvelle condition humaine de fils de Dieu. C’est ce don de Dieu en nous qui passe à travers nos actions de partage, de justice et d’intelligence. C’est ainsi que le Fils de l’homme, lui-même, élargit sa présence et son amour à tous ceux que nous rencontrons. C’est lui, à travers nous, qui évangélise. Suivre Jésus-Christ, c’est vivre de lui.

La feuille paroissiale comme feuille de route

Voici les mois de septembre et d'octobre; nous reprenons l'habitude de la feuille paroissiale qui nous aide à partager les éléments qui constituent notre vie en Eglise.
En même temps que la feuille paroissiale nous aurons un livret de présentation de la paroisse. Ce  document rassemble un choix de  textes du Concile Vatican II , les met en rapport avec des témoignages sur la réception du Concile ainsi que des indications sur ce que nous vivons à Gradignan.
Un autre document  sera projeté le 12 octobre : est le DVD qui retrace ce qu’a été le Concile Vatican II, documents d’archives, témoignages …   ce qui nous aidera à entrer dans l'esprit et la lettre du Concile : celui-ci a insisté sur la proclamation de la parole de Dieu, le sacrifice d'action de grâces sur l'autel ainsi que l'assemblée des baptisés qui s'unit à la prière du Christ. La présence des évêques, des prêtres et des diacres nous rappelle la dimension apostolique de l'Eglise, la charge de veiller sur le peuple des baptisés et de présider à sa prière. Ils prêchent la parole, célèbrent les sacrements, en nous aident à vivre tous les jours la grâce reçue de la parole et des sacrements…
Nous encourageons les chrétiens à consulter la bibliothèque paroissiale pour une meilleure connaissance des documents du Concile Vatican II
 
Dans ce contexte de célébration et d'invitation à la lecture, nous ne pouvons pas ignorer la grâce qui nous est faite de connaître des gens proches de nous qui vont en mission : - un couple va rejoindre Haïti, une jeune étudiante qui va  au service des enfants en Inde. Et nous rendons grâce aujourd’hui pour l'ordination diaconale d'un fils de Mme Vandermensbruggher. Nous continuons à garder dans nos coeurs la prière pour l'Eglise en Syrie, tel que nous l'a rappelé l'évêque de Damas. Que nos prières restent ouvertes à la réconciliation des coeurs et à la justice partout dans le monde. Que le Seigneur touche nos oreilles, nos langues et nos coeurs pour accueillir et partager la vie nouvelle que Dieu nous donne en son fils.
 
Suivons la feuille paroissiale comme une feuille de route et ne manquons pas de faire connaître ce qui est vécu autour de nous afin de le partager.
 
Jean-Pierre RANGA
Curé