Personne ne peut servir deux maitres / Mt 6 24-34 / L'homélie

Faut-il comprendre que Jésus nous demande de choisir un maître, et en l’occurrence aimer Dieu et détester l'argent. Dans ce cas, ce que nous demande de Jésus est proprement impossible.
Tous ici nous essayons d'aimer Dieu, mais lequel d'entre nous déteste l'argent et le méprise. Franchement, je ne pense pas qu'un tel choix soit notre position réelle. Nous pouvons faire de grandes déclarations sur le refus de subir l'esclavage de la finance internationale et sur notre lutte commune contre le pouvoir exorbitant de l'argent. Mais au quotidien et en profondeur ce qui fonctionne est bien ce que l'apocalypse de Jean atteste : «A tous, petits et grands, riches et pauvres, hommes libres et esclaves, la Bête impose une marque sur la main droite ou sur le front. Et personne ne petit acheter ou vendre s'il ne porte la marque du nom de la Bête » C'est au chapitre 13 de ce livre. Que nous soyons laïques ou religieux, nous sommes dans le monde et portons sa marque : tout se paye d’une manière ou d’une autre. Le plaisir, la notoriété, notre place au milieu des autres, ça se gagne. Beaucoup de croyants pensent même que le royaume de Dieu a un coût, ça se mérite.

Voila ce que j'entends dans la déclaration de Jésus : oui, vous servez deux maîtres. C'est un fait avéré. Mais cette condition humaine est impossible à vivre. Que propose donc Jésus pour sortir de cette impasse radicale ?

Ce qu’il propose est annoncé par les prophètes, et notamment par le texte d’Isaïe que nous venons d'entendre « est-ce qu'une femme peut oublier son petit enfant, ne pas chérir le fils de ses entrailles ? Même si elle pouvait l’oublier, moi, dit Dieu, je ne t’oublierai pas ». Ce que propose Jésus c'est d'accomplir dans sa chair cette parole d'amour de son Père, c'est d'être en toutes choses le Fils bien aimé. Il n'obéit pas à un maître, quel qu'il soit. Il obéit à Celui qui l’a engendré dans l'amour. Il vient de Lui, il est tourné vers Lui, il vit de Lui et il aime tous les hommes parce qu'il nous regarde de cette hauteur-là, de la hauteur, de la profondeur, et de la largeur de l'amour de Celui qui a décidé de nous créer à son image.
Quand Jésus nous parle, il nous dit ce qu’il voit de nous. Et ce qu'il voit c'est que nous valons plus que les oiseaux du ciel et les lis des champs. Et ce qu'il voit c'est que la vie des oiseaux révèle d'un autre espace que celui des semailles, des moissons et de la construction des greniers. Il voit que 1a beauté des lis appartient à un autre espace que celui de la gloire de Salomon. Il voit que la vie est un don de Dieu.
Et il nomme cet espace le Royaume de Dieu.
Et Il ne nous dit pas, faites ceci et faites cela et vous gagnerez ce royaume, mais «bien-heureux êtes-vous, les pauvres dans l'Esprit, littéralement les mendiants de ce Souffle, car le Royaume des cieux est à vous », c'est fait, maintenant, d'origine, vous êtes fils de Dieu.

La gloire de Dieu, dit Irénée c'est l'homme vivant et la vie de l'homme c'est de voir Dieu.
Pas de le connaître, de le posséder, de s'en servir, mais de désirer le voir, de mendier sa présence. « L'homme est appelé à naître, à vivre et à mourir dans le monde, sans rien devoir de la vie à ses parents, sans non plus se hausser au-dessus de lui-même et des autres, sans vouloir se glorifier ou réformer les autres, sans accuser et sans se prendre pour une victime. II est appelé à vivre et à mourir sans raison et sans justification, par grâce.

Quand Jésus nous parle, il ne parle pas de Dieu, il parle Dieu dans sa chair.
Jésus parle Dieu dignement et poliment; sans lui ajouter aucun autre privilège que celui de parler dans sa langue, recueillant son témoignage en acceptant qu'il remplisse son propre «cahier des charges » et non pas celui de ses voisins : phénomène, choses, âmes ou fictions dont aucun ne peut servir, à le juger. 

Suivons Jésus le Christ en parlant Dieu dans notre chair. En inscrivant dans nos gestes et nos paroles la beauté et la puissance des paraboles du Royaume :
Je me souviens des yeux brillants d'un jeune apprenti boulanger racontant sa première nuit dans l'atelier où il venait d'être embauché. Il parlait de farine et d'eau, de ses mains dans la pâte, et de la sortie du four, de l'odeur du pain, de son craquant. Et j'ai entendu ce jour-là : le Royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans un champ, qu'un homme a découvert : il le cache à nouveau et dans sa joie il s'en va, vend tout ce qu'il a et achète le champ. Ce jeune homme n'avait pas seulement découvert un job, un salaire, mais un trésor caché dans un champ. Il ne parlait pas de Dieu, il parlait la langue du Royaume de Dieu. Qu'avais-je besoin d'un autre signe ? Ça parlait Dieu dans sa chair.

Je me souviens aussi d'une station du tramway place de la Victoire : une place, les gens passent, les gens comme on les voit, juste un flux, une masse, sans visage, sans voix Quel étrange soudain, quelque chose - mais quoi ? désobéit. Une tache, une faute et soudain tu comprends. Imprudence inouïe, insolite, indécente, Zora sourit. Zora sourit aux trottoirs, aux voitures, aux passants Au vacarme, aux murs, au mauvais temps. A tout ce qui nous semble évident elle avance et bénit chaque instant, Zora sourit. « Le Royaume des cieux est comparable à un grain de sénevé jeté dans un champ. C'est la plus petite des semences. Mais quand elle a poussé elle devient la plus grande plante du jardin. Comme un arbre dans la ville, où l’on pourrait monter le long du tronc, entendre le vent dans les branches, et le cri des oiseaux, jusqu'a ce petit coin de ciel pour lequel nous sommes nés. Le sourire de Zora ne parlait pas de Dieu, mais elle parfait la langue du Royaume. Pourquoi chercher un autre signe ?

Et nous maintenant : voici le pain. Prenez et mangez. Ceci est mon corps. Les mots ne montrent pas que les choses. Ils peuvent envoler soudain notre chair vers la présence du Seigneur, et nourrir la vie en nous et nous habiller de lumière, et que nous devenions témoignage dans le monde de ce que le Christ dit et fait chez nous maintenant.
Que le Seigneur fasse de nos vies des paraboles du Royaume.

Jean-Pierre DUPLANTIER

Matthieu 5 / homélie

Vous avez appris et bien moi je vous dis.


Comme dimanche dernier Jésus remet en cause ce qu’on a appris. Et comme il s’adresse à des têtes dures, aujourd’hui, il le répète deux fois. Je crois qu’il s’adresse à des têtes dures.
« Vous avez appris qu'il a été dit : Œil pour œil, dent pour dent. Eh bien moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant » Bienheureux commandement de Jésus ! Sinon son Eglise serait une assemblée de borgnes et d’édentés.
Cette loi, la loi du talion, nous vient du premier testament. Ce principe législatif est pour nous l’exemple d’une justice impitoyable et dure. Or, la Bible insiste sur la modération de cette proposition. La peine ne doit pas aller au-delà du préjudice, ce nouveau principe, est alors un progrès social qui permet de limiter l’escalade de la vengeance.
Jésus, lui qui nous dit, qu’il n’est pas venu abolir la loi mais l’accomplir, nous propose une loi encore plus dure et plus douce. Une loi plus difficile à appliquer pour la victime et plus miséricordieuse pour le méchant.
« Frères, n'oubliez pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous. » Rendons grâce à Paul qui nous donne de comprendre pourquoi Jésus est si exigent. Vous êtes le temple de Dieu. Vous êtes le temple de Dieu. Dieu se réserve une place en chacun de nous. Son Esprit habite en nous. Notre corps est un tabernacle. D’autant plus quand nous recevons son corps et son sang. Abimer ce temple nous dit Paul est une offense à Dieu. Le cas échéant, le jugement du Seigneur passera. C’est pour cette raison que Jésus nous dit de dépasser la douce loi du talion. N’ajoutons pas notre perte à notre préjudice.
Comme cela est difficile à entendre. Comme cela est difficile à comprendre. Mais Paul insiste en nous disant : « Que personne ne s'y trompe : si quelqu'un parmi vous pense être un sage à la manière d'ici-bas, qu'il devienne fou pour devenir sage. »
Oui, il nous faut devenir fou pour être sage aux yeux de Dieu. Devenons fous aux yeux du monde. Car qui peut penser sainement que tendre l’autre joue lorsqu’on a été giflé n’est pas l’œuvre d’un fou ?
Le monde calcule. Le monde pèse et compare. Le monde légifère à sa propre mesure. Ainsi, le code civil définit la proportion de la peine par rapport au délit, souvent trop lourde pour le délinquant et trop légère pour la victime. Que la loi définisse la proportion de la peine est une bonne chose. Mais le mal se glisse dans l’appréciation qu’en ont, à la fois, le délinquant et la victime, l’un niant ou ne reconnaissant pas la gravité de ses actes, l’autre, souvent animé par la douleur et la vengeance, ne laissant pas de place au pardon.
Vous me direz tout dépend de l’acte. Il y a des actes si horribles que le pardon est impossible. Oui, je sais et pourtant la parole de Dieu exprimée par Paul vaut aussi pour le méchant : « Frères, n'oubliez pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous. ». Tout homme est créé à l’image de Dieu, le bon comme le méchant. C’est le plus difficile à entendre et nous avons lu : « Car votre Père qui est dans les cieux fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. »
Pour Dieu tout homme est aimé qu’il soit bon ou méchant aux yeux du monde.
Nous avons appris par nos parents comment bien se comporter. L’école nous a enseigné la morale. Au catéchisme, nous avons appris les commandements. Le monde appelle tout cet enseignement les valeurs chrétiennes. Comme si l’amour se mesurait. Comme si l’apprentissage de ces valeurs pouvait être récompensé d’un diplôme. Voilà ce que nous avons appris, et bien aujourd’hui le Christ vient nous dire : « Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d'être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux »
Aujourd’hui, le Christ nous invite à être des fils. Ce n’est pas nous qui pouvons réclamer une quelconque filiation sur la preuve de ce que nous avons appris. C’est le Christ qui nous dit : aime et sois un fils.
Le Christ nous invite à ouvrir nos oreilles à sa parole pour qu’elle pénètre nos corps et bouscule nos certitudes. Nous devons la laisser renverser ces certitudes que nous basons sur ce que nous avons appris. Nous devons laisser notre étonnement prendre le pas sur nos refus et accueillir en confiance, avec foi, la parole du Christ.
Notre baptême nous délivre du monde qui nous enferme dans le calcul et la comparaison.
Notre baptême nous arrache à tout ce que nous avons appris.
Notre baptême nous ouvre à celui qui vient pour nous guider vers le Père.


Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n'oublie aucun de ses bienfaits !

Car il pardonne toutes tes offenses
et te guérit de toute maladie ;
il réclame ta vie à la tombe
et te couronne d'amour et de tendresse.


Soyons des fils !
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.
7° dimanche du temps ordinaire

Lv19, 1-2.17-18 // Ps 102 // 1 Co 3, 16-23 // Mt 5, 38-48

Saint Valentin autrement

Un mariage c'est une belle journée n'est-ce pas ? Pour certain c'est le plus beau jour de la vie... mais le jour J n'est que le début du Mariage !   Et après ????

C'est bien cette question que l'atelier mariage souhaitait depuis longtemps aborder avec les jeunes mariés. La fête du mariage en juin ? Résultats forts mitigés…
Alors, pourquoi ne pas essayer autre chose : CELEBRER EN EGLISE LA ST VALENTIN!
Cette année, le calendrier nous sert : Vendredi 14 pour eux, Samedi 15 avec nous!!
Nous avons invité les couples à un apéritif dînatoire B’ABBA intitulé « Réussir sa vie ». Cette démarche s’inscrit dans la continuité de leur parcours à savoir les thèmes « Avis de recherche » et « se marier ça change quoi ? », rencontres auxquelles certains avaient assisté au cours de leur accompagnement.
Les échanges furent riches autour des tables : réussir sa vie ou réussir dans la vie ? Quels sont les exemples de réussite autour de nous ? Jésus est-il un modèle de réussite ? Aimer pour réussir ?
Bref, une belle soirée d’écoute, d’échanges et de convivialité pour reprendre souffle à la lumière de l‘Évangile. Un moment de pause dans la vie des couples pour se poser les questions qui vont vivre.


La soirée fut heureuse pour tous ; la date est déjà fixée pour l'année prochaine : 14 février 2015. Vous êtes d’ores et déjà invités à fêter la St Valentin autrement.


Le caté en mode "export" ... à la rencontre de l'autre, de l'Autre ?

Les enfants et parents du catéchisme ont eu deux belles occasions de sortir leur nez de la paroisse.

Mi-janvier, en guise de Grand Dimanche, nous avons été à la rencontre de la communauté orthodoxe roumaine de Bordeaux. Invités à vivre la Divine Liturgie avec eux, nous avons découvert des différences, et aussi des points communs avec ce que nous vivons le dimanche. Beaucoup de mouvements et de déplacements, des chants magnifiques, des textes lus en plusieurs langues, des bébés qui communient, des icônes qui se laissent embrasser, un signe de croix différent, une célébration de plus de deux heures… voilà ce qui a marqué les petits gradignanais en goguette.

 Début février, à l’occasion de la fête de la Lumière et de la présentation de Jésus au Temple, nous avons d’abord rejoint le caté de Pessac pour vivre le texte de l’Evangile de Luc dans nos corps par le mime, éclairés par la surprise de la lumière (lumière noire et ombres chinoises) pour prendre conscience de l’effet produit par la lumière du Christ dans nos cœurs. Puis nous avons rejoint les groupes de caté, enfants et parents, de l’ensemble pastoral, à la Cathédrale Saint André, pour une célébration commune. Des dizaines de bougies, des prières préparées par les uns, répondant aux autres, des chants bien sur, une procession avec des arrêts auprès de la Vierge et d’Anne, le texte d’Evangile raconté. Ce fut une chance d'aller vers l’autre, à la rencontre du Christ lumineux.











A la rencontre de l’autre, de l’Autre, pour mieux se connaître soi-même ? Dépasser nos frontières habituelles, c’est aussi une occasion de covoiturer et de se parler, de prendre le tram et d’y avoir des fous-rire, de prendre le goûter sous la pluie et de trouver ce moment heureux, de faire connaissance dans un cadre nouveau, d’accueillir de nouveaux enfants, leurs parents. 

Autrement dit, de se laisser déplacer, bousculer, par les mouvements du Christ dans nos vies, pour mieux se connaître en Eglise.