Marc 13 / homélie


Pour approcher de l'attente de la venue du Seigneur et des questions qui y sont mêlées, nous sommes appelés à tenir compte de deux éléments;-ce qui est dit sur l'archange Michel dans le premier texte;-ce qui est dit sur le salut qui nous est donné par le grand prêtre au deuxième texte. Cela permettra de conclure par la prière du psaume, qui parle du corps, de l'âme et de la chair dans ses relations de confiance avec Dieu dont le croyant a fait son refuge.
1)-Quand nous sommes affrontés aux détresses et aux tribulations des derniers jours, n'oublions pas cette présentation de l'archange qui est en poste pour veiller sur le peuple de Dieu. Il est  celui qui est capable de s'opposer aux adversaires de Dieu, aux forces qui sont dans le ciel et qui accusent et détruisent le peuple de Dieu. C'est en lien avec cette présence de sauvegarde et d'intercession que nous accueillons les anges qui rassemblent les élus d'une extrémité du ciel à l'autre. Ce rassemblement des élus dépasse de loin les menaces que peuvent nous faire les adversaires et les accusateurs des élus aux moments des tribulations. Il faut s'appuyer sur cette parole de protection et de rassemblement devant les évènements de la fin pour y proclamer le salut de Dieu.
2)-Quand nous refaisons cet acte de confiance en la parole de Dieu qui promet protection et refuge, n'oublions pas davantage la place du grand Prêtre, du fils qui est venu vivre notre vie, partager nos souffrances et vivre notre mort afin de nous arracher des forces du péché et de la mort. Il est celui qui est passé par les profondeurs de la terre pour nous sauver des forces d'en bas qui empêcheraient notre rencontre avec Celui qui nous a créés et qui nous appelle à habiter sa maison. Celui qui nous sauve n'est pas seulement proche, à la porte, il est en nous et par son salut nous sommes avec lui et en lui, et c'est par lui que nous affrontons les tribulations et les détresses, celles des derniers jours et celles d'aujourd'hui.
Cette communion à sa mort et à sa résurrection conditionne notre manière d'être, notre manière de faire face à cet avenir qui vient à nous.
3)-Les anges et le fils ne savent pas le jour ni l'heure fixé par le Père, mais ils sont à nos côtés pour nous aider à entrer dans le jour du Seigneur et dans la maison du Seigneur. Ainsi notre coeur peut méditer sur son conseil au milieu de la nuit, notre chair  repose en confiance, notre âme est dans la paix, parce que tu ne peux m'abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption. Tu me montres le chemin de la vie, quand le fils m'associe au mystère de sa mort et de sa résurrection,-tu es toujours à ma droite quand les anges viennent rassembler les élus et que l'archange Michel veille sur ton peuple.
Que cette foi et cette espérance fassent grandir en nous l'amour pour le Père et le Fils, ainsi que pour tous les hommes pour qui le fils est mort afin de leur ouvrir le chemin du salut. Cette relecture devrait aider tous ceux qui ont pris le temps de s'approprier le texte de l'évangile et nous aider à porter dans la prière le travail des paroissiens engagés dans le secours catholique.

Jean-Pierre Ranga

33°dimanche du temps ordinaire.
 Dn 12, 1-3 ; Ps15 ; He 10,11-14.18 ; Mc 13, 24-32


Marc 12 / homélie

Homélie du 11 novembre 2012
32° dimanche du temps ordinaire, Année B
1Ro 17, 10-16 ; Ps 145 ; He 9, 24-28 ; Mc 12, 38-44

Le 29 février 2012 a été publiée au Journal officiel la loi fixant au 11 novembre la commémoration de tous les morts pour la France. Ce texte prévoit que la journée du 11 novembre, jour anniversaire de l’armistice de 1918 et de "commémoration de la victoire et de la paix", soit aussi un jour d’hommage à l’ensemble de ceux qui sont "morts pour la France" qu’ils soient civils ou militaires, qu’ils aient péri dans des conflits actuels ou des conflits anciens. Ce projet permettra notamment de rendre hommage à tous ceux qui ont péri au cours d’opérations extérieures.
Ici, à Gradignan, parmi les cérémonies de cette commémoration de la paix, il y a cette messe dans l’église de la commune. Et, dans l’élan de cette loi qui tente d’élargir l’hommage rendu à tous ceux qui ont donné leur vie pour la paix, nous sommes heureux d’écouter ensemble la tradition chrétienne concernant la paix.
C’est à travers des récits de la Bible que nous recevons cette tradition.
Le premier est l’histoire de la veuve de Sarepta et du prophète Elie. L’histoire de ce qu’on peut faire avec ce qui reste. Ce qui reste à la femme et à son fils, c’est une jarre d’huile et une jarre de farine, l’une et l’autre quasi vides. Sur la demande d’Elie, elle partage ce qu’elle cuit avec ces restes. Et les restes ne s’arrêtent plus de rester. Où nous conduit ce genre d’histoire ?
L’évangile de ce dimanche nous offre d’avancer un peu. Une veuve jette deux petites pièces dans le « trésor ». Quel trésor ? Celui de la salle du trésor dans le temple de Jérusalem. Cette anecdote est prise dans un récit concernant deux regards de Jésus sur ce qui se passe en ville. D’abord ce qu’il voit sur les places publiques, dans les synagogues et dans les diners ou apéritifs officiels. Jésus voit les « experts » de la Bible faire leur cinéma : se mettre en avant, sa pavaner, parce qu’ils savent tout, jugent de tout et mettent la main sur tout, jusqu’à dévorer les biens des veuves en abusant de leur faiblesse. Un joli morceau de comédie sociale,  facile à médiatiser parce que c’est du spectacle, ou seules comptent les apparences et les jeux de société.
Puis Jésus regarde ce qui se passe dans le temple, face à la salle du trésor. Il voit la foule jeter de l’argent dans ce trésor. Les riches y mettent beaucoup, une pauvre veuve n’y jette que deux petites pièces. Et il dit : « la veuve a mis plus que tout le monde. Comment compte-t-il ? Il tient compte d’où les hommes sortent ce qu’ils donnent.
Les riches le sortent de leur capital. Ce capital est fait de biens et d’images qu’ils ont acquis par l’un des systèmes de plus value en usage dans leur monde : celui des diplômes, du jeu des pouvoirs établis, des lois du marché, ou de leur montée dans l’échelle sociale. Or ce capital a une logique : il s’approprie plus et plus encore, il dévore, pour en jouir. Ils consomment ou simplement amassent des choses dans les petites et les grandes surfaces, trichent dans les échanges, manifestent un rapport de forces pour obtenir de nouveaux acquis, mais aussi prennent leur plaisir dans le lit qui leur convient le mieux. L’objectif est de faire grimper l’adrénaline, et leurs émotions finissent par commander leurs opinions.
Mais Jésus voit un autre espace d’où les hommes sortent ce qu’ils donnent. Cet espace n’est pas un plein, mais un creux en nous que rien ne peut combler. De ce creux vient un étranger qui nous manifeste un amour inattendu. Nous ne pouvons pas imaginer ce visiteur ni programmer ses visites. Il passe. Et de son passage il y a des restes. On peut essayer de les oublier, de les enfouir, mais peine perdue, ils insistent dans nos corps. Et leur insistance finit souvent, quand nous n’avons plus beaucoup qui reste, par réveiller un désir fou : le désir que revienne cet amour divin!
C’est cette révélation que porte Jésus-Christ. Chaque fois que nous venons ici à la messe, nous la réécoutons ensemble, et nous pouvons y recevoir d’y communier.
Ce sont ces visites qui nous donnent la paix. Pas seulement la paix que nous faisons en réduisant les conflits et les guerres, celles des soldats et celles des amoureux, mais la paix qui donne et maintient la vie en nous, quoiqu’il arrive.
Que cette paix vous vienne et demeure en vous. Nous allons maintenant, pour ceux qui le souhaitent, recevoir dans nos corps la paix de Jésus-Christ.
Jean-Pierre Duplantier