L’oeuvre de Dieu à l’ombre de la Croix et à la lumière de Pâques.

Quand vient la semaine sainte, nous proclamons notre foi en Dieu et en son Christ et nous affirmons notre volonté de renier les forces du mal. La prière de l’église nous aide à grandir dans l’amour de Dieu et des autres, en faisant de la passion et de la résurrection du Christ un passage obligé pour comprendre la place de l’homme devant Dieu.
Se disposer à écouter la voix du Père dans l’obéissance du Fils,- résister à la violence du mal en résistant aux manoeuvres du diable et- se laisser toucher par la grâce du salut dans notre âme et notre corps : voilà les éléments pour marquer l’entrée dans ce chemin du Christ.
1-Tout Fils qu’il était, il apprit par ses souffrances l’obéissance et la soumission à la parole du Père. (Hébreux 5,8)
Comme le disciple qui chaque matin se dispose à écouter la voix de l’autre ainsi le Christ entretient ses relations avec le Père qui l’a envoyé en vue du salut du monde dans une attitude d’écoute permanente. En lui il y a le serviteur de Dieu, le Fils du Père et le Maître qui ouvre le chemin à ses disciples. Cette ouverture à la voix de l’autre définit le disciple comme il définit le serviteur de Dieu. C’est sur ce chemin de l’écoute et de l’ouverture à la voix du Père que le Christ recevra l’onction de Dieu, la glorification et l’exaltation qui vient du Père. Le Fils reçoit dans la parole du Père le Nom qui est au-dessus de tout Nom. Dans ce Nom résonne la voix de l’autre : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore ! »(Jean 12,28) Dans la lumière de la vie comme dans les ténèbres de la mort, c’est le Père qui glorifie le Fils et glorifiera le disciple.
2-Résistez aux manoeuvres du Diable. Car ce n’est pas à des adversaires de sang et de chair que nous avons à lutter, mais, (Eph6, 11-12)
-Comme l’homme fort vient soumettre le prince de ce monde, la passion du Fils est un chemin pour établir son autorité sur toute chair : il vient de la part de Dieu vaincre les forces du mal. Comme dit Paul, à la suite du Christ il faut vaincre le mal par le bien. (Rom 12,21) Ce mal prend plusieurs visages, surtout celui de la violence, de la traîtrise et de cette dépravation du culte qui veut se saisir de la révélation de Dieu, pour en faire le garant de nos intrigues humaines. Il faut résister à l’entraînement des forces du mal : c’est dans l’humilité que le serviteur et le disciple se laissent saisir par la force de l’Esprit de Dieu afin de renouer avec la parole et la volonté de Dieu qui peut nous délivrer du mal.
3-Présenter avec une violente clameur et des larmes, des implorations et des supplications à celui pouvait le sauver de la mort (Hébreux 5,7)
Dans l’humilité de notre condition d’homme, il faut nous laisser toucher par le don de la grâce de Dieu jusque dans notre corps et notre âme. Seule cette grâce peut nous aider à nous sentir concernés par l’effet de la violence et des forces du mal sur les hommes. C’est avec cette compassion que nous pouvons entrer sur le chemin du Christ pour attendre le nom qui vient de Dieu et combattre la violence et tout ce qui l’engendre et l’entretient en nous et autour de nous. Nous ne pouvons faire cela que sur la base d’une confiance totale en Celui qui peut nous sauver de la mort, parce qu’il peut nous sauver du péché. La vigilance dans une prière confiante est le chemin qui nous permet de rencontrer le mystère du Fils et du Père, unis dans l’amour qui sauve les hommes.
 
Prions pour que la figure du Serviteur nous aide à entendre la voix du Seigneur et la voix de nos frères « Il est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Corinthien 5,15)
Jean-Pierre Ranga - Curé

Jean 12 / Homélie 5° Dimanche de Carême

Aujourd’hui, Dieu nous redit l’Alliance qu’il a faite avec son peuple. C’est cette Alliance qui nous pousse à agir, à reconnaître en l’autre, en l’étranger quelqu’un digne d’être aimé et respecté pour ce qu’il est.
Ceux qui ont préparé cette messe, le groupe local du CCFD, souhaite nous faire entendre à nouveau cette invitation du Seigneur. Répondre à l’appel du Christ c’est, en effet, consentir à une forme de vie qui porte la marque de sa Parole, de sa vie, de sa mort et de sa résurrection.
Cette forme de vie en Christ est reconnaissable notamment, l’Eglise toute entière nous le redit instamment depuis des années, à la vigilance des chrétiens vis-à-vis de tous les lieux de fragilité dont nous sommes témoins, chez nous et autour de nous, et du soutien mutuel que les hommes se doivent, parce que la volonté de Dieu, qu’on y croit ou non.
Notre évêque nous a demandé de nous retrouver pour partager ce que le Seigneur nous demande aujourd’hui à propos de notre ouverture au monde, de notre charité en vérité. Nous essayons de le faire dans le diocèse, sous la forme de chantier, chantier de solidarité, chantier de l’écologie, chantier de la famille. On ne peut pas dire qu’à Gradignan ces rencontres ont beaucoup de succès.
Le groupe du CCFD nous sollicite aujourd’hui une fois encore. Nous le savons, la forme de vie en Christ ne se commande pas de l’extérieur. C’est toujours à partir de rencontres et de situations qui nous tombent dessus, que nous nous décidons du fond du cœur. Nous savons aussi que chacun porte sa propre croix, et son propre péché, et qu’en faire trop est un mauvais signe, mais en faire trop peu, c’est pas de signe du tout au nom du Christ.
Il arrive que nous soyons parfois anesthésiés par les habitudes et les soucis de la vie que nous menons. Nous avons alors besoin que le Seigneur nous réveille par des frères. Ainsi aujourd’hui au milieu de nous :  le CCFD pour le développement et contre la faim dans le sud de notre hémisphère. Le service des malades notamment pour visiter les résidents des sept maisons de retraite qui sont sur la commune. Le secours catholique  et saint Vincent de Paul pour accueillir ceux qui ne joignent plus les deux bouts. L’accueil des familles en deuil. L’accompagnement des fiancés qui demandent à l’Eglise de les préparer au mariage, ainsi que les familles ou les adultes qui demandent le baptême. Et bien d’autres initiatives, telles que vivre ensemble à Malartic. Le secrétariat du presbytère est une bonne plaque tournante pour vous renseigner, ou rafraichir votre mémoire.
 
Et puis il y a les textes de la Bible qui nous sont donnée par Dieu aujourd’hui, dans la liturgie de la messe… comme le pain et le vin qui nous sont donnés à manger et à boire.
A propos de l’Alliance, le prophète Jérémie écrit : « mon Alliance, dit Dieu, c’est eux qui l’ont rompue, alors que moi, j’avais des droits sur eux… Mais je conclurai avec eux une Alliance nouvelle : j’inscrirai ma Loi dans leur cœur. »
Ce que Dieu a promis, Il l’a fait : il a envoyé son Fils bien aimé. En la personne de Jésus habite et commande la volonté, la connaissance et la puissance de son Père, qui est notre Père.
C’est donc dans une situation de rupture d’Alliance, que Dieu envoie son Fils, pour une nouvelle Alliance. Cette nouvelle Alliance n’est plus seulement des valeurs à respecter pour bien vivre ensemble, c’est la présence dans la chair d’un Fils d’homme de la puissance d’amour de Dieu. Tout ce que Jésus dit et fait porte la signature du Nom de Dieu, de son œuvre dans le monde. C’est ainsi qu’il devient pour tous les hommes le chemin, la vérité qui germe de la terre, et la vie juste qui descend d’en-haut.
 
Or, lorsque Jésus apprend que des grecs veulent le rencontrer, il comprend que l’heure est venue pour le Fils de l’homme d’être glorifié. Et la façon dont il parle alors de la gloire de l’homme est étrange : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit. En disant cela, il est bouleversé : « Père, délivre-moi de cette heure. Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure. »
Mourir en même temps que le printemps commence, mourir en même temps que la sève jaillit, mourir en serviteur qui connait bien son heure, mourir en s’élévant au-dessus de nos rives, mourir en nos tombeaux, y desceller les pierres, voila le chemin du Fils bien aimé, révélant aux hommes la véritable grandeur des fils d’homme, mourir en cette terre pour que se lève la moisson des fils d Dieu.
Cette forme de vie est bouleversante. Sans lui, nous ne pouvons pas marcher sur ce chemin.
Le désir de vivre ensemble, dans la paix et la tranquillité est une chose. Que ce désir soit  secoué violemment, comme ces jours-ci, par les tueries de Toulouse et de Montauban, c’est normal. Mais c’est la peur que cela dévoile, la peur que çà recommence, la peur qui nous fait un moment nous serrer les uns contres autres… mais au bout du compte on se retrouve seul.
Répondre à la visite de Jésus-Christ, c’est autre chose : c’est découvrir que nous sommes attendus, déjà accompagnés, aimés vraiment depuis le commencement.
Une communauté chrétienne de Palestine, partenaire du CCFD, nous envoie cette prière, que nous faisons notre :       Nous te prions, ô Seigneur monté aux cieux, que ta Résurrection nous aide à témoigner de la vie par-delà la mort, de l’amour par delà la haine, de la reconnaissance des autres par-delà la méfiance, de la Paix par-delà la guerre, de la compassion et de la justice par-delà la maltraitance et l’injustice. Que ton souffle et que Ta Croix qui nous étreint, nous enseignent que nous vivons dans un seul monde et que, tel le Samaritain sur la route de Jéricho, tous les êtres humains sont nos frères et nos sœurs. Ô Dieu, amen
J.P.Duplantier
5° dimanche de Carême
Jr31, 31-34 ; Ps 50 ; He 5, 7-9 ; Jn 12, 20-33

Jean 3 / Homélie 4° dimanche de Carême

« Ils regarderont vers Celui qu’ils ont transpercé. »
Aller vers la lumière, regarder vers la croix élevée devant nos yeux, s’attendre la manifestation de Dieu ! Le texte de Jean 3 nous prépare à ce texte de Jean 19,37.
1 - Pour retenir notre attention un événement du passé, la morsure du serpent venu punir la désobéissance des enfants d’Israël, suivie du cri de détresse vers Celui qui peut sauver de la mort et du venin du serpent. Le serpent d’airain était installé de manière à demander aux hommes d’élever le regard au-delà de ce qui est exposé et d’attendre la vie et le salut d’en-haut. Puis une fois que le Seigneur est intervenu on rentre dans une nouvelle histoire de la vie communiquée d’en-haut.
Pour nous amener à la foi, on nous demande de tourner le regard vers Celui que nous avons transpercé et au-delà de ce bois scruter la présence mystérieuse de Celui qui l’a envoyé au milieu de nous. Ainsi en regardant au-delà de la croix, nous sommes invités à croiser le regard de Celui qui l’a envoyé et qui manifeste aujourd’hui encore sa puissance et sa sagesse dans la mort de son Fils, en le ressuscitant d’entre les morts.
2 - Entre les deux événements, nous sommes en permanence invités à nous tourner vers la lumière, à agir en accord avec l’éclairage donné dans notre vie, jusqu’à y rencontrer le don de Dieu, la parole et l’esprit qui nous justifient, qui nous introduisent dans une certaine justesse et une finesse dans nos relations avec Dieu
Tout ce qu’il faut éviter c’est de tourner le dos à la lumière, c’est aussi de refuser un éclairage qui nous attire peu à peu vers la découverte des oeuvres de Dieu. Tout ce qu’il faut faire c’est de ne pas nous glorifier dans nos oeuvres et nos propres capacités, mais de consentir peu à peu à la parole entendue, au souffle de l’esprit, à la lumière venue d’en haut, à la lumière suggérée autour de nous. Il y a en nous une négation permanente à entretenir (comme en forme de résistance), ainsi qu’une attente à conserver : « Ne pas se fier à nos oeuvres, attendre que Dieu vienne à nous et nous délivre du mal ».
3 - Quelques références pour nous introduire à la manifestation de l’oeuvre de Dieu, critères de discernement.
-Le discernement de Paul par rapport à lui-même face à la venue du Christ :
Je ne me juge pas moi-même, même si je n’ai rien à me reprocher j’attends que le Seigneur vienne. Lui seul rendra à chacun selon ses oeuvres. (1Cor 4,3-5)
-L’enseignement du Christ sur la conversion de ceux auxquels on s’attend le moins et qui doivent nous entraîner sur le même chemin ;
Les publicains et les pécheurs vous précèderont dans le royaume, car ils se sont convertis à l’appel de Jean le baptiste. Et vous tout en voyant cela vous ne vous êtes pas mis sur le chemin de la conversion, pour ne pas être jugés.
-L’idée de se comparer aux autres et la sagesse de reconnaître que tout vient de Dieu, chacun doit rester fidèle à son appel :
Nous sommes les collaborateurs de Dieu et les intendants des mystères de Dieu. Tout ce qu’on demande à des intendants c’est de rester fidèles à leur mission. Il ne faut pas aller au-delà de ce qui écrit dans la mission de chacun. Tout ce que nous avons entre les mains est un don de Dieu. Il n’y a pas à s’en glorifier. Il faut se glorifier en Celui qui nous en a fait le don.(I Cor 4,1-2
-Le pécheur et l’homme fidèle devant Dieu, au fur et à mesure des événements
Si le pécheur se convertit et se tourne vers le Seigneur, il sera sauvé. Si le juste ne veut pas demeurer dans la fidélité et se remet à pécher, il se perd lui-même (Ezéchiel 33,10-20).
4 - Toutes ces citations sont alignées pour une seule raison : reconnaître les vraies dimensions de l’oeuvre de Dieu, situer à sa vraie place la bonne décision à prendre de toujours marcher vers la lumière, ne pas nous glorifier dans nos oeuvres et nous en remettre entre les mains de Celui qui nous a appelés à vivre dans la fidélité à sa parole et à son esprit. Ainsi nous marcherons dans la lumière, nous apprendrons à voir au-delà de la Croix Celui qui a tellement aimé le monde qu’il a envoyé son fils pour nous sauver.
Dans nos démarches de tous les jours, sentir les morsures du serpent à cause de notre désobéissance à la parole, crier vers Dieu et continuer à élever nos regards vers lui, mais toujours par la médiation de la croix de son Fils. Il nous faut embrasser cette croix pour y retrouver la puissance et la sagesse de Dieu, pour y retrouver cette force d’attraction que Dieu a mise dans le geste du Fils qui donne librement sa vie pour le salut du monde.
Jean-Pierre Ranga
2Ch 36, 14-16.19-23 ; Ps 136 ; Ep 2, 4-10 ; Jn 3,14-21
4° Dimanche de Carême -B

Jean 2 / Homélie troisième dimanche de Carême

Ce texte a été préparé avant la marche de Carême. Le conseil pastoral, pour préparer la prière universelle est resté autour du texte du Deutéronome 14, 22-26 insistant sur l’apprentissage de la crainte du Seigneur.
Dans l’homélie, il me semblait utile d’insister sur les trois lieux où l’on parle de la maison du Père, à propos du temple, à propos du corps du Seigneur mort et ressuscité et à propos de la maison du Père où le Christ annonce qu’il y a beaucoup de demeures. Une maison peut en cacher une autre.
En plus il fallait reprendre la citation du psaume inclus dans l’évangile – l’amour de ta maison me consumera – l’amour que le Seigneur manifeste pour son Père et pour nous, c’est ce qui commande sa vie et qui décidera du don libre de sa personne. C’est le même amour qui nous introduira dans la maison du Père.
 
Des hommes et des femmes marqués par la Pâque du Christ
L’église est l’assemblée des baptisés,- des hommes et des femmes marqués par la mort et la résurrection du Christ - marqués du signe de la croix, plongés dans l’eau du baptême, - ayant reçu l’onction de l’Esprit ; - tenant dans leurs mains la lampe allumée dans l’attente de son retour.
-Elle dit sa foi en se rappelant la mort et la résurrection de son Seigneur, - en se fondant sur l’écriture et la parole du Christ lui-même. L’écriture pour dire l’oeuvre de Dieu pour le salut du monde et la parole de Jésus-Christ pour dire l’accomplissement de toutes les promesses de Dieu en lui.
- Le texte de l’évangile témoigne du passage de la pâque des juifs à la résurrection du Seigneur. L’église continue à entrer dans ce passage permanent : - la pâque des juifs et la présence de l’agneau pascal ; la pâque des juifs et le passage de la mer rouge ; la sortie de l’esclavage et du péché, ainsi que la marche vers la Terre Promise, l’attente du Royaume qui vient à nous. Au milieu de nous le Seigneur est l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, ainsi que l’agneau glorieux de l’apocalypse.
- Le 2è passage concerne la maison du Père et le sanctuaire de son, corps. Jésus parle du sanctuaire de son corps comme prolongeant ce qui est dit sur la maison de mon Père. Les deux expressions habiteront l’évangile de Jean. Comme il révèle le Père en tout ce qu’il fait et ce qu’il dit et ce qu’il est, l’évangéliste écrit : et le Verbe s’est fait chair et il a demeuré parmi nous ; et nous avons vu sa gloire, gloire qu’il tient du Père plein de grâce et de vérité. L’accomplissement de ce verset passe par l’événement de la mort et de la résurrection. Détruisez ce sanctuaire et moi je le relèverai en trois jours.
Le sanctuaire de son corps nous est donné dans l’offrande de sa vie. Et le sanctuaire de son corps nous aidera à mieux parler de la maison du Père vers laquelle il nous conduit.
Au centre du texte : le zèle de ta maison me dévorera. On dira plus souvent le zèle de ta maison me perdra ! Cette expression de la passion que le Christ exprime pour la maison du Père est dite d’une autre façon avant l’offrande définitive de sa vie.-« Quand l’heure fut venue de passer de ce monde au Père, Jésus ayant aimé les siens les aima jusqu’au bout (ou jusqu’à la perfection).Il se leva pour laver les pieds de ses disciples. Il dit à Pierre : si je ne te lave pas les pieds, tu n’auras pas de part avec moi ! »
Par ce geste Jésus introduit les disciples dans l’offrande de sa vie et dans l’amour du Père : « Je leur ai fait connaître ton Nom afin que l’Amour dont tu m’as aimé soit en eux.
Cet amour dit la perfection de la foi de l’église et l’amour qu’elle reçoit pour donner aux autres. Un amour qui est un don de Dieu, lié au don que Jésus fait de sa vie pour nous sauver.
Que les mystères célébrés à Pâque nous aident à redire notre foi et notre espérance et nous aident à nous rejoindre sur l’essentiel.
« Quand il ressuscita d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela. Et ils crurent à l’écriture et à la parole que Jésus avait dite »
 
Jean-Pierre Ranga
3° Dimanche de Carême
Ex 20, 1-17 ; Ps18 ; 1CO 1,22-25 ; St Jean 2,13-25

Marc 9 / Homélie deuxième dimanche de Carême

Vers où Jésus conduit-il les apôtres sur cette haute montagne ?
La scène est improbable : il y a d'abord la métamorphose de Jésus ; ses vêtements sont d'une blancheur que nous ne connaissons pas sur terre, et la lumière qui se dégage de son corps nous est inconnue. Ensuite les époques de l'histoire sont contractées en un seul moment : Moïse et Elie et Jésus discutent ensemble, maintenant.
La réaction de Pierre est plus normale. Il s'imagine qu'il a sous les yeux la réalisation de ce qu'on lui avait appris : Moïse, celui qui a conduit Israël hors d'Egypte et par lequel le peuple a reçu de Dieu sa Loi ; Elie, le prophète qui est parti dans le ciel sur un char de feu et qui doit revenir ; et enfin le Fils de l'homme dont parle Daniel ; ils sont là tous les trois et le combat pour la libération d'Israël est en marche. L'armée d'Israël est en ordre de bataille, avec ses trois chefs. Les combattants sont dans la plaine et il faut élever trois tentes pour les chefs sur la montagne.
Pierre avait tellement peur qu'il ne savait pas ce qu'il disait. Ou plutôt ce qui lui vient, c'est le rêve de tout bon juif, son imaginaire de croyant : ça va finir comme ça, et c'est le moment. Mais la vision se brouille. Un nuage passe. Une voix se fait entendre : « celui-ci est mon Fils bien aimé. Ecoutez-le ». Ce n'est pas le général en chef de la lutte finale ; c'est le Fils bien aimé. L'horizon se brouille : ce n'est pas ce qu'on croit voir venir, c'est ce qu'il y a à écouter du Fils.
 
Voila maintenant deux choses que j'entends aujourd'hui et qui me réjouissent.
  1. Jésus vient à ses disciples dans l'état où l'appel de Dieu les a trouvés. Nous ne sommes pas montés comme Pierre, Jacques et Jean, sur la montagne sainte, mais la rencontre avec Jésus-Christ, avec la Parole de Dieu devenue Chair, avec l'approche du Royaume de Dieu, obéit aux mêmes conditions. II vient dans l'état où nous nous trouvons quand nous sommes appelés.
L'esprit Saint n'attend pas que nous soyons purifiés. La lumière qui vient chez nous ne provient pas du nettoyage de notre maison, mais de ce que Dieu engendre : des fils à sa ressemblance, dans l'état de nos corps mortels. Quels que soient l'état de notre chemin, quelles que soient les images que nous ne faisons de notre présent ou de notre avenir, quelles que soient les symboles de foi auxquelles nous nous accrochons, il vient pour construire en nous une forme de vie, qui porte sa présence. Quels que soient nos amours ou nos peurs, il ne nous demande pas de quitter ce monde, mais d'en faire usage de telle sorte que nos actes et nos paroles portent la marque de son travail. Et si ne nous sommes pas fidèles, si nous n'avons pas une doctrine chrétienne vraiment juste, si nos moeurs très mélangés, en pensée, action et en omission, L'Esprit n'attend pas que ça aille mieux. Il vient, quand il veut, dans tours et les détours de notre vie. Il vient nous apprendre à vivre la forme de vie singulière que lui-même fait émerger de nos fantasmes et de nos blessures. L'Esprit ne déserte aucun endroit de notre vie ; il vient dans le noir, dans le triste, dans l'enthousiasme, dans l'assurance de soi. C’est là qu'Il parle, c'est là qu'il nous apprend à mourir aux choses qui passent, et à nous éveiller à ce qui ne passe pas.
2.      Gardons dans notre mémoire vive les Ecritures, la Promesse de Dieu et l'avènement de Jésus-Christ tels qu'ils sont écrits. Nous y apprendrons à contempler l'immense de l’Alliance, sa largeur avec Abraham, sa force avec Moïse, sa ténacité avec Elie, et la profondeur de l’amour du Père avec Jésus-Christ ? Avec lui et par lui nous vivons la forme de vie qui est en train de larguer les amarres avec nos idoles.
Jean-Pierre Duplantier
 
Gn 22,1 -18 // Ps 115 // Ro 8,31-34 //St Marc 9, 2-10