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La porte étroite / Lc 13, 22-30 / Une homélie


    
Aujourd'hui, nous entendons Jésus répondre avec une sorte de parabole. Pour faire simple : c'est l'histoire d'une maison. Elle a une porte. Elle est étroite. Un jour, le maître de la maison fermera cette porte et ceux à qui s'adresse Jésus ne pourront plus entrer. D'autres viendront et pourront y entrer !

    Comme avec les évangile, ce n'est jamais si simple qu'il n'y parait. La parabole nous parle d'abord de cette porte qui est étroite. Ce qui est le plus important c'est de faire effort pour y entrer.

    Cette porte sera fermée par le maître qui se sera levé. Alors que Jésus approche de Jérusalem, la ville où il va être crucifié, enseveli puis levé - ressuscité, cela m'interroge sur l'imminence de cette fermeture. Les gens de la parabole disent 'nous avons mangé et bu avec toi, qui a enseigné sur les place de nos villes !' Les auditeurs de cette parole de Jésus sont avertis, eux qui ont mangé et bu avec Jésus.

    D'un côté de la porte, un lieu appelé ensuite 'Royaume de Dieu' où il y a déjà Abraham, Isaac et Jacob, les pères du peuple juif, les prophètes aussi. Dans cette maison, il y aura un festin. Le festin du Royaume de Dieu ! ceux à qui s'adressent Jésus peuvent y entrer mais ce n'est pas facile : la porte est étroite.

    Jésus encourage ses auditeurs comme à nous aujourd'hui à faire tous les efforts pour entrer par cette porte étroite. Elle est petite et oblige donc à ne pas s'encombrer. Elle est peut être basse et peut-être
oblige à se baisser !

    Simplicité, pauvreté, humilité... ne pas faire d'injustice, ne pas faire le mal donc, faire le bien... aimer comme Jésus... voilà probablement les conditions pour entrer dans ce lieu, cette maison du Père qui a accueilli déjà Abraham, Isaac et Jacob, mais aussi les prophètes.

    Nous pourrons entendre plus tard dans l'évangile selon saint Jean : 'Je suis la porte, si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé'... (Jn 10,9) J'ai d'autres brebis qui ne sont pas de cet enclos et celles-là aussi, il faut que je les mène... (Jn 10,16)

    Au festin sont accueillis des hommes, des femmes, des enfants d'Israël mais aussi de tous les peuples du monde, des quatre coins de la planète !

    Jésus marche vers Jérusalem, vers la croix et nous dit l'urgence de passer par la porte étroite pour entrer dans la maison de Dieu ! Entendrons-nous cette invitation ?

Vincent GARROS

La prière du vendredi

Chaque vendredi, un temps de prière se déroule dans l'église, entre 19h et 19h30
C'est une prière communautaire construite sur le modèle des vêpres,
autour de la lecture des psaumes.
Un temps pour remettre notre semaine dans les mains du Seigneur,
Un temps pour déposer au pied de la croix nos préoccupations et nos joies

A l'issue de ce temps de prière, ceux qui le souhaitent peuvent le prolonger par un temps de lecture libre, simple et spontanée, du psaume du dimanche suivant, jusqu'à 20h.
Une bonne manière de nous préparer à la prière des liturgies du week-end.

Ce temps de prière du vendredi est ouvert à tous
 

Jésus pyromane / Lc 12 49-53 / Une homélie

Aujourd’hui peut-être plus que d’habitude, il va falloir jouer fin, et tendre l’oreille pour ne pas se tromper.

Rien n’est plus douloureux qu’une famille dont les membres se déchirent.
Rien de plus triste que des enfants qui se dressent contre leurs parents, rien de plus désespérant que des parents qui luttent contre leurs enfants.

Jésus n’est pas venu déchirer les familles. Le mot « famille » n’est même pas dans le texte.
Il parle d’une division père/fils, mère/fille, belle-mère/belle-fille au singulier… ce n’est donc pas les pères contre les fils, les mères contre les filles, les belles-mères contre les belles-filles…. Ce n’est pas non plus les mères et les fils, les filles et les pères, les gendres et les belles-mères, les grands-mères et je ne sais qui ….
Interdiction absolue de créer des binômes à notre sauce et de projeter nos propres conflits sur la Parole de l’Evangile !

Jésus vient pour diviser au sens de morceler, comme on casse un morceau de sucre… Jésus vient pour dissocier en chacun de nous ce qui est père et ce qui est fils… fille et mère… Désormais, chaque « identité » est clairement à sa place. Et s’il n’y a plus de confusion en moi, il n’y a plus de conflits en moi. Jésus ne gère pas les scènes de ménages, il met de l’ordre dans ce que je suis.
Comme dans tout travail de création, il coupe, fait du tri, libère des liens confus. Chaque homme et chaque femme trouve son contour, sa limite, chacun sait ce qu’il est et ce qu’il n’est pas… ailleurs, on appelle ça « discernement ».

Et pour ça, il a un seul moyen : allumer un feu.
Un théologien* écrit :
« Il suffira d’une étincelle, d’un rien, d’un geste,
il suffira d’une étincelle et d’un mot d’amour pour allumer le feu »

Un mot d’amour et le feu s’allume… L’amour qui parle et le monde s’embrase. « L’amour qui parle » c’est l’exacte définition de ce qu’est le Christ… la Parole d’un Dieu tout-amour, le Verbe de Dieu.
Alors comment s’étonner que le Christ attende avec impatience de voir la terre brûler de ce feu. Le feu de la Parole elle-même, le feu de la Vérité.

Notre terre meure de la négation de la Parole. Quand les mots n’ont plus de sens. Quand on peut désigner des enfants qui meurent de faim comme des terroristes. Quand on peut envahir un pays en disant que c’est pour le libérer. Quand on empoisonne la planète en disant qu’on préserve ses habitants. Quand on tisse des liens de mort et qu’on appelle ça « famille ». Quand on dit « Paix » pour dire « mensonge ».

On a beaucoup entendu parler de paix ces jours-ci… Des chefs de nations se réunissent, tentent de bricoler une petite tambouille géopolitique et se proclament « faiseurs de paix »…

« Je ne suis pas venu donner la paix mais, au contraire, la division »
Jésus ne se compromettra pas avec une paix qui n’est pas passée par le feu de l’amour, par le feu de la vérité, par le feu de la Parole.
La Paix véritable, la seule paix qu’il peut donner, puisqu’il est le « prince de la Paix », puisque ce seront ses premiers mots de ressuscité au matin de Pâques, la seule paix sera le fruit de cette division.
Une division qui n’est pas la zizanie, le conflit, le déchirement ou le schisme.
Une division qui est le bienheureux travail de la Parole qui distingue les ténèbres de la lumière, qui distingue la vérité et le mensonge, qui distingue les enfants des terroristes, les victimes des bourreaux, les tripatouilleurs et les artisans de Paix.

N’ayons pas peur, ni de ce feu, ni de cette division. Nous vivons déjà dedans ! Accueillons avec joie l’ardent désir d’un Jésus pyromane, impatient de faire passer en nous et entre nous le feu de la Parole qui donne la vie.

╬ Amen
Sylvain diacre
« Allumer le feu » Johnny Hallyday 1998... pas tout à fait théologien 😁!!

Assomption / Luc 1 39-56 / Une homélie

        Cette fête du 15 août est peut-être avec Noël, la fête la plus populaire : Marie est à l’honneur, elle la femme d’Israël fut la mère de Jésus, le Sauveur. Lui, le premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis, comme nous le disait Saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens (1Co15,20). L’église catholique fête ce jour comme celui de sa montée au Ciel, signifiant ainsi sa place unique dans l’humanité.

        Cependant, aucun texte des Écritures ne nous raconte la mort de Marie, la « dormition » comme la nomme les chrétiens d’Orient. Ce qui nous été donné à entendre c’est une vision de saint Jean dans l’Apocalypse, la victoire sur la mort de Jésus, le Christ, dans la lettre de Paul et le récit de la Visitation par l’évangéliste Saint Luc.

        Dans ce récit de la rencontre d’Élisabeth avec Marie, toutes deux enceintes, c’est la joie qui domine avec notamment ce Cantique si connu que toute l’Église chante avec enthousiasme ‘Magnificat !’ Comme le faisait remarquer un de mes collègues, il vaut mieux le chanter en latin car dans sa propre langue, cela pourrait devenir tendancieux, voire révolutionnaire. Écoutez plutôt : ‘Dieu disperse les superbes, il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles et renvoie les riches les mains vides’ (Lc 1, 51-53) Tant que c’est un cantique et que cette louange est une vision eschatologique, ce n’est pas dérangeant mais voilà, Jean Baptiste et Jésus ont prêché au bord du Jourdain et dans tout Israël et l’Esprit saint s’est emparé des apôtres à Pentecôte (Ac 2). Des hommes et des femmes se sont levés en proclamant les louanges de Dieu dans des langues étranges ou étrangères, brisant les frontières même de leur propre religion, ils ont mis en commun leur biens à la disposition des plus démunis (Ac 5, 32). Si l’évangile se met en actes, alors ceux qui sont riches, ceux qui portent des couronnes ou siègent sur des trônes ne vont pas être contents !

        Ce fut l’expérience des premiers chrétiens et Saint Jean nous le raconte à travers sa vision : Une femme, l’Église couronnée de douze, comme le nombre des Apôtres, enfante à peine (Apo 12, 1-2) qu’elle est menacée par un dragon multicéphale : les pouvoirs en place : politique, économique et religieux font un même monstre (Apo 12, 3-4) pour éliminer ce qu’elle engendre : un fils … Un fils, donc un héritier qui revendiquera sa part d’héritage (Mc 12, 1-9).

        Mais Dieu sauvera et gardera au désert cette église persécutée dès les origines. Aujourd’hui encore, des hommes et des femmes se lèvent au nom de l’Evangile pour plus de justice et que place soit faite aux plus petits : ces frères du Christ, ces frères à qui on donne du pain et des vêtements, ces frères et sœurs que nous accueillons, que nous visitons, (Mt 25,34-36) à qui nous redonnons la dignité qui leur est due.

medium

        Que cette fête de l’Assomption soit pour chacun et chacune cette vraie fête, occasion de louange et d’un engagement actif et courageux selon l’exemple de Marie.

Amen

Vincent Garros 

Heureux les veilleurs en tenue de service ! / Luc 12 32-48 / Une homélie


        Jésus raconte aujourd’hui une petite parabole. C’est l’histoire d’un maître de maison parti à un mariage et qui revient chez lui tard dans la nuit. Des serviteurs qui l’attendent en tenue de service avec des lampes allumées. Jésus annonce que ces serviteurs qui ouvriront la porte seront heureux car le maître mettra alors la tenue de service et servira à table les serviteurs !

Jésus annonce aux disciples qu’ils doivent être comme les serviteurs de la parabole : en tenue de service avec leur lampe allumées. Nous apprenons alors que leur maître s’appelle ‘le Fils de l’homme’.

On trouve ce nom de ‘Fils de l’homme’ ou ‘Fils d’Homme’ chez les prophètes Ezéchiel ou Daniel ainsi que dans des psaumes. Les évangiles l’utilisent aussi quelque fois pour parler de Jésus lui-même.

Un maître, comme un Fils d’Homme est parti à des noces et revient. Un maître qui devient serviteur au service de ceux qui l’ont attendu même tard dans la nuit … Bien sûr, cette parabole nous parle de Jésus lui-même.
L’avantage d’une parabole c’est qu’on peut l’interpréter de différentes façon. Et toutes sont justes !
Jésus a quitté le Père pour venir faire alliance avec l’humanité puis a rejoint le Père. (Un maitre est parti en voyage pour des noces et revient).
On peut aussi entendre cette parabole autrement : Jésus a quitté la terre pour célébrer une alliance éternelle puis il reviendra retrouver ses disciples. S’il les retrouve comme des veilleurs avec la lampe de leur foi allumée, alors il les servira à la table éternelle. Heureux seront-ils !

Lui, Jésus, le maître s’est fait serviteur comme le jeudi saint en lavant les pieds de ses disciples. Heureux les disciples en tenue de service comme Jésus. Au service de leur frères, leur lampe brillera. Comme le disait le prophète Isaïe que nous avons chanté à notre manière : si tu dénoues les liens de servitude… si tu partages le pain que Dieu te donne… si tu détruis ce qui opprime l’homme… La nuit de ton chemin sera lumière de midi.
Heureux les veilleurs en tenue de service.         Amen

Vincent Garros

Soyez riches en vue de Dieu ! / Luc 12 13-21 / Une homélie


Souvent Jésus a parlé de l’argent comme quelque chose qui détourne de la vérité dans nos relations avec Dieu ou avec les autres.

Il a dit par exemple : « Vous ne pouvez servir deux maîtres : Dieu et l’Argent » et concernant l’impôt : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ! ». En mettant Dieu et l’argent en balance, c’est affirmer que l’Argent peut devenir une idole, une divinité qui nous sépare de Dieu.

L’argent est utile, bien sûr, mais ce que Jésus critique ce sont les personnes qui cherchent à avoir énormément d’argent, de celles qui recherchent à en avoir toujours plus. Il met en garde ceux qui accumulent, qui thésaurisent… Par peur de manquer ? par jouissance du plus, toujours plus, c‘est une sorte de maladie que la parabole nous montre comme mortelle … Péché mortel, comme on disait autrefois ! Nous voyons comment aujourd’hui dans le monde des personnes, des sociétés, cumulent des richesses dont les montants sont supérieurs quelque fois aux richesses, aux revenus de pays ! C’est non seulement indécent mais notre foi en Christ devrait nous faire rejoindre ceux qui travaillent à une plus grande justice sociale.

Jésus affirme que s’il y a un trésor à faire c’est un trésor dans le Ciel ! ‘Devenir riche pour Dieu’ comme il le dit aujourd’hui. Si dans le Ciel, il est un Dieu qui est Père, sur terre, tous les humains sont des frères et des sœurs.

Reconnaître Dieu comme un Père nous fait donc obligation vis-à-vis des autres humains de les considérer comme autant de frères. Alors s’impose le partage des biens. C’est la grande découverte de Pentecôte, qui au-delà des langues se concrétise par mettre à profit ses biens à ceux qui n’en ont pas assez. L’eucharistie, que nous célébrons vient l’affirmer. Un Père qui est nôtre, un même unité qui se révèle dans le Corps et le Sang du Christ Communion, un partage des biens symbolisé dans la quête pour la vie de la communauté et l’aide aux plus démunis.

C’est probablement un peu cela devenir riche dans le Ciel, riche en vue de Dieu !
Vincent Garros