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Seigneur, apprends-nous à prier / Luc 11 1-13 / une homélie

"Seigneur, apprends-nous à prier" Jésus devait avoir une attitude particulièrement remarquable pour que naisse cette question sur les lèvres d'un de ses disciples. Cette question traduit une envie, une envie de relation avec Dieu.

Nous sommes habitués à la réponse car ce texte est très connu. Pourtant, on peut déceler un petit décalage dans la réponse de Jésus. Est-ce bien la réponse attendue par le disciple ? Le disciple ne voulait-il pas, par exemple, savoir qu'elle est la meilleure attitude prendre pour prier ?

La réponse attendue de Jésus aurait été : debout, assise, à genou, allongée.

Mais justement, pour Jésus, peu importe comment se tenir. On peut prier dans toutes les attitudes. Et de fait même si on se dit qu'une bonne attitude, une attitude qui nous correspond est une bonne chose, sachons qu'il y en a qui prie en voiture, en faisant des longueurs à la piscine, debout tassé dans le tram, sur le chemin de Compostelle ou que sais-je.

L'important n'est pas l'attitude, l'important étant de prier.

Comme si ce qu'on prie va de soi. Comme si ce qu'on prie vient du plus profond de nous-même.

La prière du Notre Père que Jésus nous enseigne est d’exprimer une vérité qui est inscrite en nous.

Pour vous illustrer ce que je peine à vous expliquer, je vais vous raconter une anecdote.

Il y a une bonne dizaine d’années, j'ai fait la connaissance de Léonard qui s'est présenté à moi à la fin de la messe à Gradignan pour me dire qu'il revenait à la messe aujourd'hui et qu'il y avait très longtemps qu'il n'y avait pas assisté.

Pendant l’échange, il me dit quelque chose de très révélateur sur ce qu'on médite aujourd’hui. Il me dit : "je connais la prière du Notre Père". Il était tout surpris de cela, il le vivait comme un miracle. Pourquoi cela, parce qu'il en a appris des choses étant enfant, des poésies, des théorèmes, des textes, des dates, des lieux et il en a oublié la plupart à moins de faire un effort de mémoire.

Mais pour le Notre Père, pas d'effort, les mots sont revenus sur ses lèvres NATURELLEMENT. Comme une évidence parce que c'est dans l'ordre des choses, parce que c'est comme cela : on n'apprend pas le Notre Père, il se révèle à nous. Il est inscrit dans notre chair plus que dans notre mémoire. Cher Léonard, point de miracle, tu as juste découvert ce que nous, nous oublions, comment cette prière est liée à notre intimité.

Et au point où nous en sommes, interrogeons-nous un petit peu sur le contenu de ce que Jésus nous invite à dire.

"Quand vous priez, dites : Père " Jésus est celui qui désigne le Père, ce qui fait de lui un Fils. Et quand il nous invite à dire "Père" il nous invite à nous reconnaître nous-même fils de Dieu et son frère. C'est pour cela que cette prière est si évidente et si forte en émotion, l'image de Dieu en nous surgit. La distance infinie entre notre pauvreté et la grandeur immense de Dieu est subitement abolie. Dieu se fait proche.

En si peu de mots, se concentrent toutes les prières. Prier Notre Père révèle en nous notre besoin de louer, notre besoin de nourriture, notre besoin de pardon et notre besoin de salut.

Cette prière est pour le présent. « Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour. » Il n’y a pas de référence à un passé culpabilisant mais une demande de pardon pour maintenant. Il n’y a pas de demande pour l’avenir mais toute la prière se concentre sur l’instant. Le passé est dans la miséricorde du Père, l’avenir est à la grâce de Dieu.

Et notre prière est relayée par Jésus lui-même car c'est par lui avec lui et en lui que nous nous orientons vers le Père. C'est lui qui le désigne, il est celui qui s'efface pour révéler la face du Père. Il est celui qui nous invite à nous abandonner dans les bras du Père qui est amour.

Chers pèlerins, je vous invite à noter dans votre roadbook un temps pour prier le Père, de préférence le matin. Je vous invite également à prendre quelques petits feuillets sur lesquels est inscrit la prière du Notre Père que vous pourrez distribuer à ceux qui le demande.

Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité,
car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole.
Le jour où tu répondis à mon appel,
tu fis grandir en mon âme la force.

Amen !

Dominique Bourgoin, diacre.

Marthe absente / Luc 10 38-42 / Une homélie

Ce passage si connu de l’Evangile provoque toujours la même réaction : L’immense armée des maîtresses de maison se lève pour prendre la défense de Marthe !
Quelle injustice de reprocher à cette bonne ménagère de s’agiter pour assurer une réception digne de son hôte ! Il y en a une qui se donne du mal, et voilà qu’après avoir bien mangé, l’invité lui donne en exemple sa sœur inutile ! Si tout le monde faisait comme Marie, assise à ne rien faire, Jésus aurait mangé des chips dans une maison pas très propre… C’est bien un texte de bonhomme qui ne se rend pas compte du boulot que ça représente d’accueillir comme il faut un invité important !!

Pourtant, il va bien falloir entendre Jésus : « Marthe Marthe, tu t’inquiètes et t’agites pour bien des choses, quand il n’est besoin que d’une seule, Marie a choisi la bonne part, elle ne lui sera pas enlevée »

Il y avait donc des parts à choisir… Marie a choisi la bonne, Marthe est passée à côté…

L’évangile n’est pas un manuel de savoir vivre. Il ne nous apprend pas à réussir son apéritif-dînatoire avec un invité prestigieux. Il tente de nous dire autre chose.
        Quelle distance entre le Christ et moi ?
        Quel écart entre le Verbe de Dieu, et moi ?
        Combien d’espace disponible entre la Parole et mes oreilles ?

Le problème de Marthe, c’est qu’elle est « accaparée par les multiples occupations du service »… « accaparée », « tiraillée », tirée ailleurs, saisie, retirée complètement à la présence… confisquée à la rencontre. Le service a tout pris.
Il a pris son temps, mais aussi sa joie (puisque c’est plein d’amertume qu’elle reproche à celui quelle était sensée servir l’inaction de sa sœur). Le service lui a pris sa présence… Jésus était là et elle était absente. Jésus était dans sa maison et elle était dehors. C’est l’histoire d’une rencontre ratée.

Marie, elle, était là. Elle a choisi d’écouter la Parole. De se mettre à ses pieds… pas de s’humilier en s’abaissant devant la star de passage… mais de se poser dans la Parole, de s’établir dans la voix du Seigneur qui passe. C’est la bonne part à n’en pas douter. Une part qui ne peut être retirée parce que rien ni personne ne peut revenir sur la Parole donnée, sur la Parole entendue…

Avez-vous remarqué une étrangeté dans le récit d’Abraham ?
Abraham se tient sur le seuil de sa tente et, levant les yeux, « il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui. Dès qu’il les vit, il courut à leur rencontre depuis l’entrée de la tente »
Pourquoi courir ?
Quelle distance y a-t-il à parcourir puisque les visiteurs sont « près de lui » ? Il lève les yeux, trois hommes se tiennent près de lui, et il se met à courir pour les rejoindre !

La distance entre Dieu qui nous visite et nous, est donc une distance étrange, une distance qui n’est pas rationnelle, pas objective… elle ne se mesure pas en mètres ou en centimètres. On peut avoir besoin de courir pour rejoindre Dieu qui se tient tout près de nous. On peut se tenir à mille lieues de lui quand il est assis chez nous. On peut aussi s’asseoir à ses pieds pour ne rien perdre de sa présence.

Le service est une excuse parfaite pour ignorer sa présence.
Le service « agité » « inquiet » pour reprendre les mots de Jésus à Marthe, est un excellent moyen de passer à côté de la Parole, de rater la visite, d’éviter la rencontre.
On peut passer son temps à courir partout en proclamant que l’on est au service du Christ ou de son Eglise, vivre en réunions, s’inonder de mails, reprocher aux autres, en passant, de ne pas en faire assez… simplement pour ne rien entendre de sa Parole. Ne jamais s’asseoir pour ouvrir le livre avec des frères, pour tenter d’entendre sa voix… ne jamais lire l’Ecriture avec d’autres, ne jamais se rendre disponible à ce qu’il a à me dire…

Marthe est triste et malheureuse… pas parce-qu’elle s’est agitée pour rien, mais parce qu’elle s’est agitée pour personne… même pas pour elle-même.
Jésus en venant chez elle ne demandait pas à bien manger, il ne demandait pas que la maison soit propre.
Jésus quand il vient chez nous (comme il va le faire à nouveau dans un instant), n’attend pas que nous lui offrions un festin, il n’attend pas que la maison soit propre… il n’en n’a que faire !
Ce qu’il attend, c’est de nous trouver assis à ses pieds, les oreilles grandes ouvertes.
        C’est la bonne part, c’est l’unique chose nécessaire.
╬ Amen
Sylvain diacre

Va et toi aussi fais de même / Luc 10 25-35 / Une homélie

« Ecoute la voix du Seigneur ton Dieu en observant ses commandements. Reviens au Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme » Voilà une magnifique invitation dès le début de notre Eucharistie.
«  Elle est tout près de toi cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique »
Cette Parole nous est révélée. Elle est Chemin, Vérité et Vie.
Elle nous guide, nous conduit vers le Père et les autres. Elle nous fait vivre. Elle nous sauve, elle est en chacune et chacun de nous maintenant et lors de toutes nos célébrations. Et pas seulement lorsque nous sommes réunis pour l’Eucharistie.
PAROLE proclamée-écoutée-commentée-intériorisée Elle est présence. C’est la Parole faite chair, le Verbe fait chair. Elle est Jésus Christ.

« Elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique »

L’Eglise nous propose aujourd’hui cet extrait de l’Evangile de Luc avec ce dialogue renversant entre Jésus et le docteur de la loi (un théologien) préoccupé par la Vie éternelle.
Et Jésus pour lui répondre nous offre ce récit que nous appelons : « la Parabole du bon samaritain » Nous connaissons le déroulement de cette scène par cœur. Je vous invite à une observation précise.

Un homme est à terre gravement blessé après une agression (un fait divers qui devient révélation) Deux serviteurs du temple successivement passent à l’écart pour respecter les prescriptions de pureté imposées à leur statut.
Le samaritain qui passe au même endroit, considéré par les juifs comme mécréant, et qui n’est soumis a aucune prescription religieuse prends soin du blessé.
La traduction, dite liturgique, de notre lectionnaire atténue la radicalité de la Parole telle qu’elle apparaît dans l’Evangile.
La où cette traduction précise ; « Il fut saisit de compassion » Jésus dit : « Il fut ému aux entrailles ». ( Voir dans la parabole du fils prodigue ; « le Père ému aux entrailles ».) Le samaritain est déclaré par Jésus « à l’image de Dieu ».
Et à la question « qui est le prochain ? » la réponse du théologien est « celui qui a fait fait preuve de miséricorde » (au lieu de pitié) La miséricorde ! Encore un attribut de Dieu. Le samaritain est animé par les sentiments de Dieu. A l’image de Dieu
Et le prochain ici, ce n’est pas la victime mais c’est celui qui s’est approché, qui a fait le détour.
Comme Dieu miséricordieux qui a vu la misère de son peuple, a été ému aux entrailles.

Dieu en JC s’est fait prochain de tout humain ; A l’image de Dieu, à l’exemple du Christ je suis invité a être le « prochain »
Il n’y a pas de limites à notre proximité. Etre proche c’est être frère et sœur universel.

N’attendons pas que quelqu’un soit à terre pour faire un détour. Sur nos chemins les bandits ont pour nom : la haine, l’ indifférence, la solitude, le mépris ,la violence, l’exclusion, la pauvreté, le chacun pour soit...
Quelles prescriptions, quelles règles, quels rites, quels prétextes pouvons-nous invoquer pour ne pas nous APPROCHER ? Être prochain n’est ni une option, ni un statut temporaire (comme « un contrat à durée déterminée ») mais un engagement définitif et personnel au nom de notre baptême. Être prochain ne se délègue pas.
Ne nous abritons pas dans le collectif ( le corps - 2e lecture du jour). Chacune, chacun de nous, frère et sœur du Christ, est appelé à être prochain.
C’est la loi de l’Amour qui, comme la Parole est dans ta bouche et dans ton cœur.
Avec la grâce de Dieu en cette Eucharistie « VA ET TOI AUSSI FAIS DE MÊME »

Robert Zimmermann
diacre

La paix comme un fleuve / Lc 10, 1-12.17-20 / Une homélie

‘’La paix comme un fleuve, un torrent qui déborde, gloire des nations !’’ annonce le prophète Isaïe

‘’Paix et miséricorde’’ promet saint Paul à ceux et celles qui  sont des créations nouvelles par la croix

‘’Paix à cette maison, s’il y a là un homme de paix, votre paix ira reposer sur lui…’’ recommande Jésus au 72 autres disciples envoyés dans les villes où il devait aller.

        Les textes de ce jour tournent autour de ce mot de Paix que l’actualité nous fait désirer de plus en plus avec ardeur. Paix pour les nations, paix entre les hommes, mais aussi paix intérieure. Il s’agit probablement de cette dernière qui conditionne celle qui fait le plus défaut sur notre planète.

        Saint Paul, à sa manière, nous le dit avec force : ‘’Le monde est crucifié pour moi et moi pour le monde’’ ! Une croix sur soi ou mettre une croix sur ce qui caractérise le monde. Mettre une croix sur comme on dit pour ‘’renoncer à’’ : dire non ! pas de bourse, pas de sac ni de sandales … Dans un premier temps, ne pas aller bien loin, aller à la rencontre de son prochain en renonçant à ce qui illusionne nos sécurités, consentir à ne plus avoir pour accueillir ce qui nous est donné.

        Si nous désirons la paix, pour nous même et pour le monde, il nous faut accepter d’être envoyé au monde, sans arme ni bagage, mais jamais seul. Le Christ nous précède et il viendra chez ceux qui auront accueilli la paix offerte par de simples mots, ceux du quotidien, ceux de ‘’l’ordinaire des jours’’ comme le disait Madeleine DELBREL.

        Cette paix, annonciatrice du Règne de Dieu n’est pas seulement à la manière des hommes, à la manière de Dieu, elle a le pouvoir de guérir, elle brisera les peurs dues à nos différences, comme une source d’eau vive, elle irriguera nos sècheresses, comme un baume, elle consolera nos peines, elle offre sa miséricorde, comme une rosée du matin, elle fait grandir notre Espérance.

        Viens Esprit de Paix, viens nous irriguer

Fais jaillir des cœurs le chant de l’Agneau

Par toi resplendit la croix du Seigneur.

Amen                                                                              Vincent GARROS

Un pèlerinage musical à Assise

 Voix Debout, groupe vocal d'Espace 3, mené par Jean-Marie Despeyroux, se prépare à vivre un pèlerinage musical à Assise, du 21 au 28 octobre 2025.

   Pour l'histoire, l'association Espace 3 est née avec la réalisation du spectacle « François d'Assise » donné en 1982 à la cathédrale de Bordeaux, pour fêter le huitième centenaire de la naissance de Saint François. Après 43 ans de compagnonnage avec lui, nous manifesterons notre reconnaissance par ce pèlerinage.

   À ce jour nous sommes dans les préparatifs, les uns très pratiques, bien sûr, mais aussi la recherche de contacts avec notamment les responsables religieux des sites liés à saint François et des communautés accueillant des pèlerins.

   Offrir nos voix pour partager notre prière, notre méditation, notre joie, avec d'autres pèlerins, ce sera notre pèlerinage. Grâce aux compositions de Jean-Marie Despeyroux, nous ferons résonner les mots de saint François, « chez lui ».

         Voilà, nous sommes heureux aujourd'hui de vous présenter ce projet !

Soyez assurés de notre prière, à Assise, pour chacun de vous et pour notre paroisse, comme nous nous comptons sur la vôtre.

            Les « 4 Voix Debout » (sur les 8 membres!) de la paroisse de Gradignan :

                            Christine Taussat, Daniel Hickel, Jean-Louis Foucard, Xavier Laroche,

 
P.S. Pour ceux qui veulent soutenir notre projet par un coup de pouce financier, c'est possible:

Rendez-vous sur le lien HelloAsso :
https://jean-marie-despeyroux.e-monsite.com/