Chez Saint Luc, les béatitudes ne sont pas un enseignement sur la montagne, le texte précise bien que Jésus les proclame dans un endroit plat, au pied de la montagne. Et, plus qu’ailleurs, elles sont rudes à nos oreilles. Là où nous espérions entendre des paroles consolatrices, les mots sont tranchants.
Nous
avons remarqué que chez Saint Luc, les béatitudes ne sont pas un
discours sur la montagne, elles sont d’en bas, au raz du sol… au
raz des gens. C’est là que Jésus va descendre, pour y
déconstruire la foule, diviser la masse indistincte qui s’avance
en rouleau compresseur. Il regarde ceux qui lui font face, et il
s’adresse directement à eux « Heureux vous »
« quel malheur pour
vous »…
(...)
Ce
que Jésus nous révèle, c’est que nous ne sommes pas simplement
des gens malades tous pareils, tous prisonniers de nos symptômes,
tous soumis à nos douleurs. Nous ne sommes pas venus ici attendant
simplement de lui la guérison pour pouvoir rentrer chez nous en
bonne santé.
Aujourd’hui,
il lève les yeux sur nous et il nous dit « vous êtes plus que
cela, vous êtes mélangés, tiraillés, vous portez en vous à la
fois l’heureux et le malheureux, vous êtes mouvants, mobiles….
Vous êtes le lieu d’un combat que le Fils de l’homme vient
déclencher en vous et dont vous ne sortirez plus désormais, car il
est, en vous, signe de contradiction…»
Jésus
ne nous demande pas de choisir notre équipe, il nous dit ce que nous
sommes. Et il nous projette dans une perspective nouvelle et folle :
« Aimez vos ennemis, faîtes du bien à ceux qui vous
haïssent ». Impossible désormais d’être passifs,
plantés là à attendre la guérison.
Nous
ne sommes pas nos maladies. Nous sommes disciples, heureux et
malheureux en même temps, et, à cause de cela, disposés à devenir
sujets, acteurs d’un lien nouveau.
╬ Amen
Sylvain
diacre
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