Dans
les jarres, il y a de l’eau. Et de l’eau pour toujours. Jésus ne fait
pas de 600 litres d’eau, 600 litres de vin. Dans le pichet du
serviteur ? De l’eau puisée dans les jarres. Mais dans la
bouche du maître du repas : du vin. C’est là et uniquement
là que le vin nouveau se révèle.
Qui
en est témoin ? Pas les invités qui ignorent même qu’il y a
un problème de vin. Pas le marié qui semble spectateur à ses
noces. La mariée ? Elle n’est pas là. Les disciples ?
Marie ? On ne sait pas… ils disparaissent du texte. Le maître
du repas ? Non plus, il ignore d’où vient ce vin et ça
ne l’intéresse pas.
Les
seuls qui peuvent s’étonner de quelque chose, se sont les
serviteurs, car eux savent très bien qu’ils ont tirés de l’eau
des jarres et ils entendent pourtant le maître parler de vin.
S’il
s’agissait de faire un miracle, un coup d’éclat, c’est donc
raté !
Rien
de spectaculaire, rien pour épater l’assistance, rien qui fasse
parler de lui. Le texte ne parle pas de miracle, il parle de
« Signe ». Ce que Jésus fait à Cana, ce n’est pas un
miracle, c’est un signe.
Le
signe le plus discret, le plus silencieux, le plus modeste que l’on
puisse imaginer.
Un
signe qui ne fait signe que pour des serviteurs muets. Pour des
serviteurs obéissants. Des serviteurs qui ne boiront pas de ce vin,
mais qui auront des oreilles pour en entendre parler.
(...)
Nos
vies parfois n’ont plus de goût. Les paroles que nous entendons
perdent leur saveur. Nous avons l’impression d’être condamnés à
ne nous abreuver qu’au robinet d’eau tiède du discours
ininterrompu du monde.
Parfois,
il nous semble que c’est notre foi qui n’a plus de goût, qu’avec
le temps, nos prières sont devenues insipides, répétitives. Nous
ne recevons plus de l’Evangile qu’une boisson banale et plate.
Nous avions de belles jarres pourtant, grandes, solides, imposantes,
mais elles se sont taries peu à peu, et elles ne contiennent qu’un
peu d’eau, désormais inutile.
Il
se pourrait alors que Jésus vienne faire signe. Qu’il remette du
goût. Et que ce goût soit bon. Ce n’est pas du goût pour
l’ivresse, c’est simplement du goût pour la Joie.
Mais
ce n’est pas un miracle, il ne faut pas attendre de miracle de sa
part, son truc à lui, c’est le signe. Un miracle, ça s’impose,
ça éblouit, ça écrase tout sur son passage. Un signe, ça se
cherche, ça s’interprète, ça se lit, ça nous laisse libres.
(...)
Peu
d’entre nous seront miraculés, mais tous nous sommes sous le
registre du signe.
A
chaque fois que nous savons reconnaître l’irruption du goût dans
les eaux plates de nos vies, alors c’est le signe que nous sommes
aux noces.
Et
l’époux, c’est le Christ, et l’épousée, c’est nous.
╬ Amen
Sylvain
diacre
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