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Visitation, fête de l'Esprit / Luc 1 39-45 / Une homélie

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 Mais aujourd’hui, c’est la fête du silence
    Avant les cris et les chants de Noël, nous assistons à un miracle de silence. "L’essentiel est dérobé aux yeux et passe par les voix, les voix qui font sursauter l’intime dans l’invisible. C’est un éclair de l’Esprit entre deux présences, deux vies cachées, dans les ventres clos d’une femme stérile et d’une vierge"*.
    En attendant que le Verbe vienne dans la chair, c’est l’Esprit qui est à la manœuvre.
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    Résumons : une femme sous l’Esprit porte en son ventre le fruit de l’Esprit, et elle visite une autre femme remplie de l’Esprit qui porte en son ventre un enfant comblé d’Esprit.

    On l’oublie bien souvent, l’Esprit saint… C’est pourtant l’acteur majeur de cette naissance. Sa fonction, c’est peut-être de donner du poids à la moindre parole. Lui qui est souffle, il se saisit du moindre mot, de la salutation la plus banale, et il lui donne le poids d’une vie nouvelle. Il fait tressaillir toute chair. Il contamine toute chair de sa Joie. La salutation touche l’oreille, l’enfant trésaille, la mère trésaille du tressaillement de l’enfant, et Marie exulte de joie.
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    Mais nous avons tous reçu des paroles de la part du Seigneur !
    Nous avons tous reçu la visite des anges !
    Le Seigneur a parlé à chacun de nous… dans le secret… dans le silence de l’Esprit. Chacun de nous a entendu « celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j’ai mis tout mon amour ». Chacun de nous a entendu « Eveille-toi toi qui dors, réveille-toi d’entre les morts »
    Alors comment se fait-il que nous soyons si lents à tressaillir ?
    Pourquoi sommes-nous si réticents à croire à l’accomplissement des paroles qui nous furent dites de la part du Seigneur ?
    Quand allons-nous enfin nous laisser faire par l’Esprit ?
    Quand allons-nous consentir à la Joie ?

    L’enfant qui tressaille au creux du ventre d’Elisabeth, il ne cesse de tressaillir au plus profond de chacun de nous. Ce n’est pas une question de femme, c’est une question d’enfantement. Il s’agit du travail conjoint de la Parole et de l’Esprit pour faire advenir en chacun de nous, cette vie nouvelle qui ne meurt pas. Faire advenir en nous, le Fils. Il s’agit de croire à l’accomplissement de cette Parole. Il s’agit de sentir au creux de nos entrailles stériles la vie de l’Esprit qui vient.
    Noël n’est peut-être rien d’autre que cela.

Amen
Sylvain diacre
*Jean-Luc Nancy "Visitation"

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