Ce dimanche 5 février, nous célébrons l’eucharistie
avec une trentaine d’enfants qui font leur première communion.
1 - Lors de leur retraite de préparation à Martillac, nous avons déjà
écouté ensemble l’histoire de la visite de Jésus dans
la famille de Simon. Ce jour-là, la belle mère de Simon avait la
fièvre. Nous avons commencé par parler de la guérison de la belle-mère.
Mais nous nous sommes aperçus qu’à aucun moment il n’était
question de guérison, sinon dans notre tête, par habitude de voir
Jésus faire des miracles. En fait personne dans la maison ne
s’émerveille, ne rend gloire à Dieu. Simplement ? Quand Jésus
apprend que la belle mère n’est pas là parce qu’elle est couchée
avec de la fièvre, il s’approche d’elle, lui prend la main et la fait se
lever. La seule présence de Jésus auprès d’elle la remet
debout. Ils ne se disent rien ; il n’est pas question de « ta foi
t’a sauvé ». Rien que ce geste de Jésus qui s’intéresse à elle, et ça
lui suffit pour qu’elle reprenne sa
place : elle les servait. Peut-être elle était fatiguée de tout
faire dans la maison ; peut-être en avait elle assez d’être considérée
comme une bonne à tout faire, ou un robot, une
mécanique à laquelle on ne prête aucune attention tant qu’elle fait
son travail. Mais ça ne sert à rien d’essayer d’expliquer ; c’est plus
simple : quand Jésus vient, tout le monde se
sent mieux et reprend sa place au milieu des autres. Quand nous
communions au corps et au sang de Jésus dans la messe, c’est d’abord
ça : on retrouve ses forces, et on reprend sa vie parmi
les autres.
2 - Il y a un autre détail qui nous a alertés. Il est raconté que la
fièvre l’a quitté. C’est drôle de parler comme cela.
C’est comme si la fièvre était entré chez soi et avait pris le
commandement. Et il y a beaucoup d’autres choses qui font ce travail
chez nous. Des soucis, des envies, des peurs, des rancœurs, des
colères. Et ces choses se mettent à commander. Les autres ne
comptent plus, on n’en fait qu’à sa tête. Et notre tête ne nous obéit
plus non plus; nous sommes sous contrôle d’un intrus qui
s’est installé en nous. Comme si nous étions deux, divisés, et je ne
fais plus le bien que je voudrais et je fais le mal que je ne veux pas.
Quand nous communions au corps et au sang du Christ,
en prenant l’hostie et en la trempant dans la coupe de vin, c’est
Jésus qui prend les commandes, même si c’est pas pour longtemps. Alors
l’envie, la rancune, la colère, la solitude, elles nous
quittent, comme la fièvre de la belle mère de Simon. Et la paix de
Jésus plante sa tente chez nous, sa Parole aussi et sa présence. Et il
nous remet à notre place au milieu des
autres.
3 - Nous avons appris autre chose encore quand nous avons lu cet
évangile pendant notre retraite à Martillac. Le soir du même
jour, à la porte de la maison, toute la ville arrive avec les
malades, les malades du corps et les malades de la tête. Tout le monde
pense que Jésus va régler tout ça, d’un coup de baguette
magique. Et Jésus en guérit beaucoup, parce que son cœur frémit
quand il voit que nous ne sommes pas bien. Il nous aime. Mais la nuit,
quand le jour n’est pas encore levé, il sort, il s’en va,
pour prier. Les disciples de Jésus le cherchent, car la foule attend
encore. Mais Jésus leur dit : Non, il faut aller plus loin. Sa
réputation était celle d’un guérisseur et Jésus doit
sortir de cette réputation. Jésus est sorti pour annoncer la Bonne
nouvelle et pas seulement pour nous soigner, pour que nous devenions
comme avant. Nous aussi il faut sortir de nos habitudes, de
notre vie d’avant ; il faut le suivre. Car il veut apprendre à vivre
avec Lui et avec les autres, comme notre Père qui est aux cieux l’aime
et nous aime. Il veut que le souffle de leur amour
nous habite. Et aimer comme Dieu nous ne savons pas le faire sans
Jésus. Cet amour est beaucoup plus grand que le plus grand de nos
amours. Et suivre Jésus est une aventure qui se continue toute
la vie. : il faut apprendre à perdre beaucoup de choses pour que
nous devenions enfants de Dieu, pour que nous portions sa ressemblance
dans nos paroles, dans nos gestes, dans nos
sentiments.
4
- La communion est un moment mystérieux, où Jésus
nous entraîne plus loin, sur son chemin, vers son Père qui est aux
cieux. La communion c’est accepter que Jésus prenne les commandes de
notre vie. Jésus désire que nous prenions un peu de temps
pour qu’il nous parle, pour que nous lui racontions nos projets, nos
victoires, nos défaites, nos querelles et nos amours. C’est là qu’il
nous donne sa lumière, sa vie. C’est cela la Bonne
nouvelle. Bonne route avec Lui.